Les amateurs de "qui-brillent"

Cosette, ne voyant absolument rien, se demanda d'abord à qui Ondine s'adressait, qui parlait. Mais il ne fallait pas être Einstein pour comprendre qui parlait. Pas plus pour deviner le nom du rongeur. Elle soupira. L'être le plus agaçant du groupe, le seul qu'elle n'ait pas inventé, était de retour. Décidément, ce skritt était inépuisable. Déjà qu'elle pensait s'être débarrassé de l'illusion en le faisant tomber... Même ses illusions avaient tendance à lui échapper. A vrai dire, la mort marchait rarement sur ses illusions. C'était autant un problème pour ceux qui les vivaient que pour elle-même.

Ondine parla encore, accusant la folie d'être responsable de ses malheurs, plus que l'amour.

-Ha ! Les deux sont-ils indissociables ? On ne parle pas d'aimer à la folie pour rien. Hé, hé.

Le skritt regarda Ondine sans sortir de son trou. Bien que son sourire était difficilement discernable, le mouvement de ses moustaches et de son museau qui bougeait frénétiquement de gauche à droite, laissait entendre qu'il était content. Ses deux pattes avant ramenées le long du corps le prouvait aussi. Un vrai petit toutou bien sage faisant le beau.

-Kit devoir creuser. Pas droit arrêter. Kit aimer creuser. Mais Kit pas pouvoir guider Ondine Silteplé. Kit devoir creuser pour maîtresse. Des qui-brillent ! Qui-brillent ! Nous chercher, nous creuser, oh oh oui, creuser. Oh, un qui-brillent aussi. Vouloir. Peux donner qui-brillent ? Dit-il en désignant la chaîne au cou d'Ondine.

-Rejoindre la ville ? Tu ne veux quand même pas dire que tu vas m'abandonner dans le désert, aveugle, incapable de retrouver mon chemin.

Bon, apparemment, Kit ne pouvait pas l'accompagner et devait creser pour sa maîtresse. Ondine espérait que ce b'était encore une illusion sournoise de Cosette qui recommençait depuis le tout début. Quand il lui demande, encore, de lui donner son collier, Ondine secoue doucement la tête et dit : "Non, désolée, je ne peux pas, c'est le seul objet qui vient de mon passé oublié et je tiens à le garder, j'espère que tu comprends".

Cosette lui fait une remarque, Ondine la regarde être guidée par son ombre et dit : "Parce que tu crois que j'ai envi de faire le chemin avec toi après ce que tu m'as fait? Et puis, je vois que tu as déjà un bon guide, tu n'as pas besoin de moi".

Elle détourne son regard vers Kit.

"Peux-tu au moins m'indiquer le chemin à prendre?"

Cosette grinça des dents aux paroles d'Ondine. Elle était en même temps accablée par la peur. Certaine de ne plus pouvoir s'en sortir, d'être perdue, et finalement, de ne plus réussir à atteindre son but, de ne plus vivre sa vie comme elle l'avait entendue. Quelle ironie ! Elle avait juré que plus personne ne se mettrait en travers de son chemin, des choix qu'elle avait prise, et de tuer quiconque le tenterait, et là, elle se retrouvait face à une chose qui se mettait en travers de son chemin, mais dont elle ne pouvait contrôler, se débarrasser. Elle n'aurait jamais pensé que ce qui se mettrait en travers de son chemin ne serait pas tangible.

-Mais... Mais... La nuit ne va sûrement pas tarder à tomber. Si... Si... La lune n'est pas au rendez-vous, ou pas assez, mon ombre ne pourra plus rien pour moi. Ah, cruelle. Je me vengerais !

Kit pencha la tête sur le côté. Il semblait hésiter ou s'étonner de quelque chose. Il renifla avant de secouer ses moustaches. Puis, il replongea le nez dans le sable pour creuser davantage, quelques secondes après, il se redressa d'un coup et secoua ses moustaches, toujours dans cet air de réflexion. Puis, il replongea le nez dans le sable pour creuser. Et ainsi de suite, il continua ce petit manège un temps.

-Ah... Comme j'aimerais écouter un peu de Offenbach, là maintenant. J'ai trop soif pour chanter moi-même.

Kit redressa la tête et d'un coup sec extirpa une gourde de son petit sac accroché à son épaule. Il sortit du trou et plaqua le goulot dans la bouche de Cosette. Elle faillit s'en étouffer.

-Espèce de...

-Oh, oh, oh, désolé, Kit désolé, Kit demander pardon. Kit trop vite, trop vouloir aider. Trop vite. Kit pas Offenbach dans sac, par contre.

-Encore heureux que tu ne chantes pas. Tu aurais tué Offenbach.

-Kit pas tuer personne. Kit gentil. Kit juste creuser pour qui-brillent. Qui-brillent, qui-brillent. Si Kit donner chemin à Ondine Silteplé, Ondine Silteplé partir et Kit rester seul. Et Ondine Silteplé se perdre car ville loin, dur trouver dans désert même avec direction. Kit aider Ondine Silteplé si amis donner qui-brille à Kit.

Lorsque Cosette se mit à parler d'un peureux, Ondine croisa ses bras et lève les yeux au ciel en disant : "La nuit, t'as qu'à dormir. Ça te ferais pas de mal".

Cosette se mit ensuite à se plaindre du fit qu'elle ne puisse pas écouter la musique qu'elle aime et qu'elle ait soif, Kit lui donna alors une gourde à boire puis donna une condition à Ondine pour qu'il lui indique le chemin vers la ville. Le rousuine regarda alors du coin de l'oeuil la gamine aveugle puis lève la tête et dit : "Désolé mais ils ne sont pas mes amis".

-Vous pas amis ? Ca triste. Kit pas le temps pour amis, ou alors juste un. Une vouloir être ami Kit ?

Le Skritt se tourna vers Cosette. Celle-ci fronça les sourcils avant même qu'il ne se tourne vers elle et se mit à siffler un petit air, sûrement du Offenbach. Kit se tourna vers Ondine. Il semblait véritablement passer du coq à l'âne. Les qui-brillent quittaient son esprit, et c'était à présent l'amitié qui l'intéressait. Autant dire que tenir une conversation avec un skritt était assez fatiguant, voir difficile. Le Skritt se tourna encore vers Cosette. Celle-ci passa un cran au dessus et se mit à chanter. Oui, c'était du Offenbach, la chanson d'Olympia. Une chanson toute indiquée pour Cosette.

-Les oiseaux dans la charmille.
Dans les cieux, l'astre du jour.
Tout parle à la jeune fille.
Tout parle à la jeune fille,
D'amour. Tout parle d'amour.
Voilà la chanson gentille, la chanson d'Olympia.

Il ne lui manquait plus qu'à faire des gestes d'automate pour caler parfaitement au personnage. Kit se boucha les oreilles. Pas que Cosette chantait mal, mais la voix de soprano, très aigue donc, de Cosette était particulière pour une personne comme Kit. Un skritt supporte assez mal les sons aigus et n'est clairement pas habitué à l'opéra. En attendant, le skritt comprenait bien que la jeune fille n'avait pas envie de parler à Kit. Et donc, être son ami ne l'intéressait pas.

-Kit mener à ville. Ondine Silteplé pouvoir acheter "qui brillent" à Kit ? Et si maîtresse voir nous, Kit cachera Kit. Parce que maîtresse pas aimer que Kit quitte travail. Oh, Kit et quitte pareil. Oh oh oh !

Quand Kit dit qu'il n'a pas le temps d'avoir des amis, cela fit de la peine à Ondine car il était gentil et attachant et c'est triste qu'il ne puisse avoir des amis. Quand il demande à Ondine et Cosette si elles veulent être ses amis, la rouquine montre un beau sourire et dit : "Moi je veux bien être ton amie Kit".

Ce qui ne semblait pas être le cas Cosette qui se mit à chanter et c'était horrible. Ondine retourna alors son attention vers Kit qui accepta de l'accompagner si elle lui achetait quelque chose qui brillait. Ondine secoue la tête en riant légèrement et dit : "Tu sais Kit, les choses qui brillent ne sont pas forcément des bijous ou des joyeaux. Le coeur peut être une chose très brillante et reste enfoui en nous, comme ça, on peut toujours le garder. Toi, je suis persuadée que ton coeur est vraiment très brillant, donc tu n'as besoin de fouiller ou de demander à tout le monde de te donner un "qui-brille" car tu en a un qui est toujours sur toi, même si tu n'en as pas conscience".

Cosette se redressa davantage aux paroles d'Ondine en faisant les gros yeux. D'abord, un court instant, ce fut parce que ses paroles étaient jolies, mais ce fut finalement surtout parce que Cosette se rendit compte de quelque chose qu'Ondine n'avait peut-être pas pensé.

-A ta place, j'aurais évité de dire ça.

En effet, les cerveaux des skritts sont très petits, et ils ne comprennent absolument rien aux métaphores et le mot "qui-brille" déclenchez chez eux toute une réaction fanatique. Les Skritts étaient littéralement atteints d'une collectivite. En d'autres termes, ce n'était pas tant le "qui-brille" qui les intéressait, mais plus de le fait d'en amasser encore et encore. Que son coeur soit brillant ou pas, Kit continuerait à chercher des "qui-brillent", qu'il s'agisse d'ailleurs de joyaux, de bijoux, ou même de morceaux de verre, du cristal ou même du fer poli.

Mais le plus grave restait cette incapacité à saisir les métaphores et ce fanatisme. En effet, une fois qu'Ondine eut fini de parler, Kit eut les yeux ronds qui brillent (justement), et il se mit à gratter, probablement à creuser sa poitrine dans l'intention de déterrer son coeur en hurlant:

-Qui brillent ! Kit avoir qui-brille en lui, vouloir, vouloir. Kit creuser Kit. Qui-brillent. Prendre coeur. Oh, et Kit prendre coeur autres brillants aussi. Mais d'abord coeur Kit.

-Oups, désolée Ondine, j'aimerais bien t'aider, mais vois-tu je suis un peu aveugle là, je ne sais même pas où il est ton skritt. Menteuse. Elle ne le voyait pas, mais il était à deux pas d'elle, s'agitant dans le sable et se grattant frénétiquement à crier. Au son, Cosette pouvait parfaitement déterminer où il était. -En tout cas, joli, tu viens de créer une nouvelle sorte de sans-coeur. Sauf que celui-là, c'est juste un skritt qui n'aura de cesse de chercher des coeurs brillants.

Ondine montre un air choqué en voyant Kit se gratter la poitrine, Ondine montre un air choqué et suite à la remarque de Cosette, Ondine cri : "La ferme!"

Ondine forma des files d'eau au bout de ses doigts et attache les mains de Kit avec en criant : "Arrêtes Kit! Tout de suite!".

Elle s'approcha ensuite et dit : "Ton coeur n'est pas un "qui-brille". Quand je voulait dire qu'il brillait, c'est le fait que tu es très gentil mais ton coeur ne brille pas. Un coeur est juste une boule gluante et dégoutante qui bat comme un tambour et te permet de vivre. Si tu te le retires, tu ne vivras plus. Tu tiens à ta vie tout de même? Bon, promets-moi de ne plus t'infliger autant de souffrance, d'accord? N'en parlons plus. Mènes-moi à la ville et si tu es sage, je t'offrirais une pièce en or".

Cosette pouffa, ignorant l'ordre d'Ondine. Elle passa un doigt sur sa langue avant de mimer quelqu'un s'arracher le coeur en souffrant le martyr. Elle ne faisait aucun son mais elle imitait visiblement Kit. Elle fit semblant de se l'arracher et sur ses lèvres, on pouvait lire qu'elle disait "qui-brille" en portant son "coeur" à bout de bras, sourire aux lèvres, puis elle mima Kit mourant de s'être arraché le coeur.

Kit vit soudain ses bras retenus par des fils d'eau. Il essaya de se dégager, visiblement mécontent, voulant récupérer son "coeur qui-brille". Toutefois, il écouta attentivement Ondine. Quand elle eut fini, il sembla infiniment déçu. Très déçu. Il baissa la tête en réfléchissant. Il devait aussi se sentir un peu idiot de ne pas avoir compris ce qu'Ondine avait essayé de lui dire.

-Kit promettre. Kit désolé si Kit avoir fait peur. Kit triste. Kit bête. Kit aimer vie si Kit pouvoir avoir qui-brillent et creuser pour qui-brillent. Alors Kit pas mourir.

Il sembla plus heureux lorsqu'Ondine lui promit une pièce d'or.

-Kit mener Ondine Silteplé. Or qui-brillent ! Oh, oh, oh ! Kit toujours sage !

-Tout ça pour ça. Tu te rends compte du temps qu'il t'a fallu pour céder à ses demandes ? Tout ça pour pouvoir lui enseigner quelques philosophies sur la vie. Comme s'il pouvait comprendre. Tu te rends compte que si tu n'avais pas si difficile, que tu avais cédé de suite, on aurait évité une belle frayeur.

-Kit mener Ondine Silteplé. Kit connaître chemin. Pas avoir chemin, mais Kit savoir. Kit mener Ondine Silteplé ville et Kit avoir or qui-brille. Qui-brillent !

Ignorant les mimiques stupides de Cosette, Ondine put constater que Kit regretter se qu'il venait de faire. Cela la soulagea assez mais elle fut tout de même triste pour lui en remarquant combien il semblait triste. Mais elle était quand il voyait son enthousiasme à recevoir un petit cadeau. Suite à la remarque de Cosette, Ondine répond : "On ne t'a pas demandé ton avis".

Kit accepta à nouveau de l'aider. Ondine le relâcha en faisant disparaître ses fils d'eau et dit : "Très bien kit, je te suis".

-Kit guider. Suivre Kit. Or qui-brillent. Première fois Kit guide. Kit content. Ondine Silteplé suivre Kit. Dit Kit en prenant les devants.

-Tu n'as pas le droit de m'abandonner ! Je te poursuivrais ! Te retrouverais ! Je me vengerais ! Tu paieras pour avoir repoussé mon amour ! Hurla Cosette à Ondine tandis que Kit et elle s'éloignaient en direction de la ville.

Et tandis qu'ils disparaissaient derrière les dunes, Cosette plaqua ses poings contre le sol en grinçant des dents. Elle avait perdu et ne pouvait admettre cela, ne pouvait admettre que son amour fou s'envole, à présent mué en haine. Pire que tout, elle était à présent aveugle. Pour un peu elle aurait voulu que son illusion soit réelle, que cette fontaine existe et vienne la guérir.

Alors qu'ils disparaissaient, et qu'elle avait les poings sur le sable mouillé de ses larmes, elle sentit que quelqu'un ou quelque chose s'approchait derrière elle. Elle se releva et se tourna, même si elle savait très bien que cela ne changerait rien, qu'elle ne verrait rien de la chose qui s'approchait. Une voix sortit des ténèbres de son regard.

-Dame Cosette ? Se pourrait-il que je vous ai enfin retrouvé ?

Pendant ce temps, Kit guidait Ondine en répétant le mot qui-brille. Il était vraiment bavard et ne s'arrêtait jamais de parler.

-Kit guider. Kit aller. Kit jusqu'à ville et avoir qui brillent, qui brillent. Kit content. Ah, Ondine Silteplé ! Ville ! Kit avoir mené jusqu'à ville ! Ville plein de qui-brillent !

Ignorant les menaces que Cosette blaffairait contre elle, Ondine suit Kit à travers le désert. kit parlait d'ailleurs beaucoup, surtout un peu pour lui-même. Au bout de plusirs minutes de marche, la rouquine met ses mains derrière la tête et dit : "Dis-moi Kit, je sais qe tu adores les choses qui brillent mais est-ce que tu aimes les sucreries? Tu saiss? Bonbons, chocolats, caramels, pleins de truc de ce genre quoi!"

Kit avançait gaiement quand Ondine lui demanda s'il appréciait les sucreries. Celui-ci ne s'arrêta pas de marcher mais répondit, visiblement, il semblait gêné.

-Ondine Silteplé pas rigoler. Kit avoir déjà eu chocolat par maîtresse, mais Kit avoir vu beau papier qui-brille avec chocolat dedans. Alors Kit garder papier qui-brille, et pas manger chocolat. Donc pas savoir si Kit aime. Mais Kit aime papier brillant du chocolat. Kit avoir déballé plein de chocolats après pour prendre papier qui brille. Mais pas manger chocolat. Maîtresse pas contente, parce que Kit avoir pas rangé chocolat. Avoir plein chocolat partout. Donner fessée Kit. Kit bobo. Alors Kit plus déballer chocolat, même si être dur parce que Kit aimer papier qui-brille.

La ville d'Agrabah se dessinait peu à peu à l'horizon. Kit fit quelques galipettes, en criant "Kit trouver ville, Kit bon guide ! Qui-brillent !"

Pendant ce temps, Cosette pouvait sentir l'odeur de la personne qui était là. Une odeur de myosotis. C'était bizarre. Avant, dans son manoir, elle n'avait jamais vu que son fiancé, jamais personne d'autre, à peine sa mère, mais cette odeur que ni son fiancé, ni sa mère n'avaient, elle aurait juré l'avoir tout de même déjà senti il y a très longtemps.

-Qui êtes-vous ? Je ne peux vous voir.

-Vous ne pouvez me voir ? Par quel sortilège ?

-Une princesse de coeur, une lumière affreuse... Mais qui êtes vous ? Insista t-elle.

-Alois Trancy. Vous ne me connaissez pas, mais moi si. Nous allons rejoindre la ville et voir ce que l'on peut faire pour vos yeux.

Apparemment, Kit n'aurait jamais mangé de chocolat bien qu'on lui en a déjà donné plusieurs fois car il gardait que les papiers qui brillaient et laisser trainer le chocolat, ce qui fit qu'il était souvent punit par sa maîtresse. Au bout d'un moment, ils arrivent enfin à Agrabah. Ondine suivit alors le rat humanoïde en courant jusqu'à l'entrée de la ville. La rouquine dit ensuite : "Merci beaucoup pour ton aide Kit, tiens, comme promit".

Ondine sort de sa poche une petite pièce en or et la pose sur la main de Kit. Montrant un sourire, elle sur un petit carré de chocolat de sa poche et la tendit à Kit.

"Tiens, c'est du chocolat. Goûtes-le et dis-moi ce que tu en penes".

Kit tendit la main pour recevoir sa pièce d'or et il entra dans une euphorie incontrôlable. Il cria "qui-brille" en faisant des cabrioles et en serrant la pièce contre son coeur. Il fallut un certain temps avant qu'il ne redescende sur terre et ne s'intéresse à l'autre présent que lui tendait Ondine. Et, bien sûr, ce second présent ne l'enthousiasma pas autant que la pièce mais il s'y intéressa quand même. Il rangea sa pièce dans son sac en regardant autour de lui comme s'il faisait attention que personne ne voyait où il "cachait" son trésor.

Puis, il s'approcha d'Ondine, suspicieux. Il renifla le chocolat en agitant ses moustaches au niveau de la peau d'Ondine. Il saisit un peu précipitamment le chocolat et continua de humer le chocolat. Il cherchait peut-être le papier qui brille, l'emballage. Puisqu'il n'avait jamais envisagé le chocolat autrement, et jamais comme quelque chose de bon à manger. Finalement, après l'avoir bien examiné et reniflé, il passa sa langue dessus avant de croquer un tout petit bout du bout de ses lèvres. Ses yeux s'illuminèrent et il avala le chocolat d'un trait.

-Chocolat Ondine Silteplé bon. Kit déçu pas avoir mangé chocolat de maîtresse. Kit continuer chercher chocolat, prendre papier qui-brille et manger chocolat. Oh oh oh ! Qui-brillent ! Chocolat ! Encore !

Cosette sentit soudain que l'homme le portait dans ses bras. Machinalement, elle enroula ses bras autour de son cou un peu haut... Non sa tête était plus bas. Cet homme était petit... En y pensant, sa voix était assez fluette pour un homme. Et puis quelque chose l'intriguait encore:

-Comment me connaissez-vous ?

-C'est un peu long et compliqué. En fait, si je vous le disais, vous ne me croiriez pas. Accrochez-vous nous allons nous téléporter.

Et l'homme l'emmena jusque dans un bâtiment de la ville. Au son, elle se serait cru dans un cachot humide, ou des oubliettes, car il faisait froid, il y avait de l'écho et il y avait un bruit de goutte tombant une par une dans une flaque, et un léger bruit de vent parcourant les couloirs.

Boulimique insatiable, Kit sembla déçu de ne pas pouvoir manger plus de chocolat. Il sembla aussi déçu qu'Ondine s'en aille. Mais en même temps, il savait aussi qu'il ne pouvait rester trop longtemps en ville. En tout cas, jusqu'à ce que son sac ne vibre. Il fouilla dans son barda et en extirpa un casque improbable avec un micro et une oreillette. Il l'enfila et dit en tournant le dos à Ondine:

-Kit écoute... Maîtresse aller bien ?... Kit devoir rentrer ?... Kit rentrer... Euh, Kit pouvoir avoir chocolat ?... Non, non, Kit manger aussi... Kit dire à tout de suite.

Il rangea son casque et se tourna à nouveau vers Ondine.

-Kit désolé, Kit devoir aller aussi. Kit connaître Paul. Lui être majordome maîtresse. Kit pas majordome. Pas assez faire cuisine. Mais Kit pas connaître Michel.

Après avoir reçu un appel, Kit dit connaître Paul mais pas Michel et qu'il devait partir, Ondine ouvrit ses yeux en grand. Elle avait du mal à en croire ses oreilles. Paul serait ici? Et il serait majordome empoté et maladroit comme il est? Elle se demandait si il s'agissait bien du Paul qu'elle cherchait. Elle dit alors : "Attends! Je ne sais pas si le Paul dont tu me parles et celui que je recherche sont bien la même personne. Est-ce que le Paul dont tu me parles est un garçon ayant à peu près mon âge et qui parle tout le temps de base ball?"

Kit remua sa moustache frénétiquement en se tenant les mains. Comme à son habitude, tant qu'il n'y avait pas de qui-brillent dans le secteur pour le distraire, il était très attentif, zélé qu'il était à rendre service. D'autant que, sait-on jamais, ce service pouvait être récompensé par un, disons un qui-brille. Il cligna des yeux, voilant ses yeux tout noirs avant de remuer encore sa moustache.

-Kit pas trop savoir. Kit pas beaucoup avec maîtresse. Kit souvenir que maîtresse avoir appelé majordome Paul. Mais Kit pas parler avec Paul. Pas savoir si lui parler de baise-bol. Vu qu'une fois et mémoire Kit pas terrible. Ca être quoi baise-bol ? Jeu où faire bisou à bol ?

Cosette avait les oreilles aux aguets. De toute façon, c'était le seul sens pratique qui lui restait. Elle sentit qu'Alois la déposait. Debout, elle essaya de capter d'autres sons que celui de l'eau qui s'écoule ou du vent dans cet endroit humide et froid.

-Qu'est ce que cet endroit ? Vous ne m'auriez quand même pas amené dans un piège ? Une prison ?

-Je m'en voudrais. Mais nous opérons dans l'ombre. Mais patience, la baronne vous accueillera bientôt dans son salon et nous vous expliquerons alors tout.

Bon, Kit ne pouvait renseigner plus Ondine car il n'aurait pas souvent parler avec Paul, qu'il n'était pas souvent avec sa maîtresse et parce qu'il n'aurait pas beaucoup de mémoire. Peut-être que sa maîtresse pourrait mieux la renseigner. Quand le rat humanoïde lui demande ce qu'était le base ball, Ondine répond : "Non, c'est un jeu où un type lance une balle à une autre type qui frappe la balle lancée avec sa batte. Sinon, est-ce que tu pourrais me faire rencontrer ta maîtresse?"

Kit remua encore frénétiquement sa moustache. Il semblait pris d'une intense réflexion. Le genre à donner mal au crâne aux petits esprits comme le sien. Alors, il prit le temps d'y réfléchir et déclara:

-D'acc. Maison maîtresse pas loin. Ondine Silteplé suivre Kit. Kit guider à maîtresse. Kit encore guide. Oh oh oh ! Kit aimer ça. Surtout quand Ondine Silteplé donner or et chocolat. Mais Kit gentil, faire ça gratuit. Dit-il en prenant les devants.

Il passa par les grandes rues, mais avant que d'arriver à celle menant jusqu'au palais, il tourna à droite dans une autre grande rue de marché avant de tourner presque aussitôt à gauche dans une ruelle beaucoup plus étroite et sombre. Toutefois, ce n'était pas de ces rues miteuses, mais au contraire, une rue assez jolie, si on exceptait qu'elle ne voyait pas souvent le soleil. Les portes étaient richement ouvragées et les fenêtres avaient des rideaux de soie.

Kit s'arrêta devant une porte de bois vert à laquelle il ne frappa pas. Il entra directement. A l'intérieur, c'était d'abord un bel atrium, avec un magnifique bassin au centre. Il continua de suite dans la salle attenante. C'était un salon avec beaucoup de bibliothèques et une cheminée allumée qui donnait à la pièce une chaleur étouffante.

Au centre du salon, il y avait plusieurs fauteuils et canapés autour d'une table basse. Le principal était occupée par une jeune fille, sans doute de 16 ans, avec des cheveux noirs coupés aux épaules et avec un bandeau blanc sur l'oeil. Elle portait un veston marron et une jupe bleue. Pour l'instant, on ne voyait pas la tête des autres invités en face d'elle, assis sur des canapés, dos à la porte d'entrée. Ils buvaient le thé.

-Ah ! Kit ! Enfin te revoilà. Fit la fille au bandeau, enthousiaste. Elle se leva, se mit à genoux pour laisser le skritt se jeter dans ses bras. Elle lui gratta l'oreille avant de se rasseoir. -Et tu amènes de la visite ? Dommage il n'y a plus de place. Dit-elle alors qu'il restait quatre fauteuils inoccupés.

-Kit content voir maîtresse. Kit présenter Ondine Silteplé. Amie à Kit. Donner chocolat et qui-brille. Gentille.

-Tout ce qui brille n'est pas or. Par exemple... Elle jeta une pièce à Kit qui s'empressa de la ramasser. -Maintenant que tu as compris pour le chocolat, et si tu essayais de gratter cette pièce ? Kit gratta. C'était en fait une pièce en chocolat dans un emballage doré. Kit ne savait pas trop quoi penser, déçu ou pas ? -Les deux, le chocolat et l'or. Quand on aime les deux, c'est bien. Quand on a les deux, c'est dur de faire un choix. Surtout quand ça ne peut être les deux à la fois. Kit, tu penseras à ramasser le papier. Bon sang. Et bien, ne restez pas debout comme une aubergine, on dirait que vous allez chanter. Asseyez vous ! Termina t-elle à l'attention d'Ondine. -Tiens, maintenant que j'y pense, ça serait ââââmusant que nous chantions, les distractions se font rares. Vous n'en auriez pas à nous chanter étrangère ? Ah, elle n'avait pas fini en fait.

Kit semblait enthousiaste à l'idée de servir de guide une nouvelle fois, il était même près à faire ceci gratuitement. Ondine le suivit alors. Ils se trouvaient à présent dans une rue assez jolie. Kit la fit entrer dans une maison avant de la mener jusqu'à ce qui lui semblait être un salon où il faisait très chaud et où il y avait une fille face à d'autres invités qui faisaient dos à la fille aux cheveux roux. Ondine supposait que cela devait être la maîtresse de Kit et cela se confirma quand celui-ci se jeta dans les bras de la fille qui avait un bandeau à son oeuil et qui lui donna une pièce en chocolat avant d'inviter Ondine à s'asseoir. Elle allait le faire quand la jeune fille lui demande si elle n'aurait pas une chanson à chanter. Ondine montra un air géné et dit : "Heu...je m'appelle Ondine. Je veux bien essayer de chanter mais je ne sais pas si vous aller aimer".

Ondine réffléchit un moment pour savoir quelle chanson elle allait pouvoir chanter et quand elle trouva, elle commença.

♫Lumière, lumière d'étoile♫

Quand Ondine chanta, ce fut comme si le temps s'arrêtait. Entendez plutôt par là que plus personne ne bougea sans que l'on puisse dire si c'était parce qu'ils écoutaient, voir pas du tout. La jeune fille au bandeau blanc servit une tasse de thé qu'elle sirota avant de bailler. Et quand la chanson fut fini, elle s'accouda à l'accoudoir de son fauteuil, le poing sur la joue, avec un petit sourire. Elle jeta un coup d'oeil, son seul disponible, sur ses invités avant de demander:

-Et bien monsieur le comte ? Verdict ?

-Insipide. Fit une voix jeune.

-Baronne ?

-Oh moi j'ai trouvé ça tellement mignon !

-Et vous cher ami ?... Oh, oui, j'oubliais. Bien. Et bien les avis sont partagés mais au moins nous sommes nous divertis. Installez-vous, prenez une tasse de thé. Ondine Sileplé c'est ça ?

Bon, d'après certains commentaires, sa chanson n'avait pas plût à grand monde, elle s'en fichait un peu car elle n'tait pas venue pour faire un show à la base mais pour vérifier si le Paul dont parle Kit et celui qu'elle recherche ne font qu'un. Quand on l'invita à s'asseoir, Ondine dit : "C'est Ondine. Désolée mais je ne vais pas rester longtemps. Je suis venue car Kit m'a dit que un de vos majordomes s'appelait Paul. Je cherche un garçon ayant à peu près mon âge qui s'appelle Paul aussi et je me demandais si il s'agissait bien de la même personne".

La jeune fille fit la grimace quand Ondine refusa son invitation, puis prit un air blasé comme si cela ne l'amusait pas de voir ses invitations ainsi rejetées. Cependant, quand elle parla de Paul, elle s'accouda à nouveau en affichant un sourire satisfait en croisant ses jambes. Elle jeta un coup d'oeil à ses invités, toujours invisibles derrière le dos de leur canapé. Il y avait juste une mèche blonde, un léger ruban qui dépassait de la gauche, là d'où était sorti la voix qui avait dit trouver la chanson mignonne.

-Oh vous ne me feriez pas l'impolitesse de refuser mon invitation ? Hmm, ça tombe bien j'allais justement appeler Paul pour le gâteau. Nous fêtons nos non-anniversaire voyez-vous.

-Vous les fêtez. Vous ne croyez tout de même pas que j'apprécie cette absurdité ?

-Allons comte, ne soyez pas mesquin. Nous nous ennuyons tellement, un non-anniversaire redora notre journée. Paul !

Elle continuait à parler en fixant Ondine comme si elle la dévorait des yeux avec son sourire satisfait. Bien qu'elle ait appelé Paul, rien ne se passa. Il y eut un long silence.

-Il semble qu'il soit occupé. Mais je vous en prie. Il doit être à la cuisine. Allez-y, c'est la porte à droite. Vous pourriez en profiter pour lui dire que nous attendons le gâteau.

Une fois qu'Ondine quitta la pièce, la jeune fille pencha la tête sur le côté en la maintenant de sa paume, le coude sur l'accoudoir, un sourire satisfait aux lèvres. Elle se tourna vers ses invités. Elle passa sa main sur son bandage et le gratta doucement avant de retirer sa main en l'agitant nerveusement.

-Je ne saurais dire pourquoi, mais vous avez l'air de vous intéresser à cette fille. Fit le comte.

-Cela m'amuse. Elle cherche ses amis, nous cherchons les nôtres. Peu importe l'époque, les gens ont tellement tendance à se tenir éloignés les uns des autres.

-Ca ne répond pas à ma question.

-Vous en avez pas posé, comte.

Une étagère de la bibliothèque tourna sur elle-même et un jeune garçon entra, guidant Cosette à l'intérieur. Il la guida jusqu'à un fauteuil et l'y installa avec précaution. Puis, il s'installa à son tour sur un des fauteuils. La maîtresse de maison leva le doigt, allez savoir pourquoi. On aurait dit une écolière souhaitant poser une question. Elle resta ainsi un certain temps avant que le comte ne fasse: "Oui ?" Elle baissa son doigt et demanda:

-Question. Qui de celui qui a n'a plus qu'un oeil et de celui qui n'en a plus, voit le mieux ?

-Quelle question ! Celui qui n'a plus qu'un oeil. Répondit Cosette, excédée de tout ce mystère.

-Faux ! C'est celui qui n'a plus d'yeux. Bienvenue Cosette. Ca n'a pas été facile de te retrouver mais enfin, te voilà.

En entrant dans la fameuse cuisine, pleins de cuisiniers à blouses blanches et portant des toques semblaient s'activer pour préparer des tas de bon petits plats. Ondine regarde autour d'elle pour voir si elle voyait le fameux Paul ou bien celui de sa connaissance, mais rien, elle alla donc voir un des cuisiniers et dit : "Heu...excusez-moi. Savez-vous où est Paul? Votre Maîtresse attend qu'il apporte le gâteau".

Dans la cuisine, les paroles d'Ondine ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd. Le cuisinier en question resta absorbé par son travail, mais cependant un homme habillé en queue de pie, des cheveux noirs, une mèche rebelle, des yeux marrons, fort beau jeune homme, très grand, raide comme un balai, s'approcha au garde à vous. Il s'inclina en portant sa main gantée de blanc sur la poitrine. Visiblement, il s'agissait d'un maître de maison, un majordome.

-Veuillez m'excuser, mademoiselle, mais Paul est mort...

Les cuisiniers se retournèrent d'un coup sec et le silence se fit. Ils avaient tous la bouche ouverte et il y avait même un cuisinier qui était resté la bouteille de vin ouverte au dessus de sa casserole et qui commençait à déborder tellement il était pétrifié, la bouteille inclinée vers la casserole.

-Mort de honte et refuse de se montrer. Les cuisiniers poussèrent ensemble un vibrant soupir de soulagement en se remettant au travail. -Je le cite "J'ai failli à ma tâche, je ne suis pas digne de me prétendre majordome." Il se cache dans le placard à balais là bas. Le majordome s'en approcha et ouvrit la porte. Dedans, un homme recroquevillé tremblait en se frappant la tête contre le mur du placard à balais.

-Un misérable, je suis un misérable.

-Paul voyons... Il y a ici une jeune femme qui voudrait te parler. Tu devrais avoir honte de te comporter ainsi devant une invitée.

-Gaaaah ! Vous avez raison ! J'ai encore une fois failli. Je suis un misérable. Incapable de bien me tenir devant une dame. Quelle honte !

Quand un étrange homme s'approcha de la jeune fille en annonçant que Paul était mort, elle montra un air choqué, ne s'attendant pas du tout à cela.

"Quoi?!"

Mais quand il continua en disant qu'il était juste mort de honte et ne voulait pas se montrer, la rouquine fut un peu plus soulagé car si il s'agissait de son ami Paul qu'elle cherchait et qu'elle apprenait qu'il lui était arrivé quelque chose, elle aurait eut du mal à s'en remettre. Elle vit ensuite le majordome ouvrire un placard à balais où s'était enfermé le fameux Paul qui était recroquevillait sur lui-même. Ondine s'approcha lentement après qu'ils eut fini de parler et dit : "Paul, je suis Ondine, est-ce que l'Île des Dauphins te dit quelque chose?"

Paul dégagea son visage de ses mains mouillés par ses pleurs et leva la tête vers le ciel, à bout de souffle. Il chercha en son for intérieur et murmura:

-L'île... Des... Dau-do-do... Phins ? Gaaahahaha ! Sébastian, ça ne me dit rien, est-ce que je devrais le savoir ?

-Qu'est ce que j'en sais moi ? C'est ce que te demande la jeune femme. Oh et puis, ça suffit, sors de ce placard, essuie toi le visage et va servir le gâteau.

-Mais jamais je ne pourrais... Me montrer ainsi.

-Oh bon sang... Tu m'agaces. Bien, je vais m'en occuper. Mais je veux que quand je serais revenu, que tu sois sorti de là et que tu ais arrêté de pleurer, c'est clair ?

Le majordome, vraisemblablement appelé Sébastian, tourna les talons et s'approcha d'une desserte sur lequel reposait le gâteau. Il prit les commandes de la desserte et se tourna vers Ondine

-Si vous voulez bien passer dans le salon, nous allons servir la gâteau. Je vous prie de m'excuser pour la gêne occasionné, mademoiselle. Dit-il avant de passer la porte avec la desserte. Il rejoignit le salon dans lequel la maîtresse de maison et Cosette parlait avec les invités.

-Vous ne me connaissez pas. En fait, vous ne connaissez personne. Mais nous vous connaissions depuis belle lurette, depuis votre naissance. Quel dommage que votre père vous ait fiancé au berceau et enfermé dans ce manoir.

-Vous vous foutez de moi ? Ca date de 250 ans. Vous devriez être morts depuis belle lurette.

-Et qui vous dit que ce n'est pas le cas ? Dit la maîtresse en souriant d'un air malin. Cosette en fut bouche bée. Etaient-elles vraiment de la même époque ? Et que voulait-elle dire par là ? Ils n'étaient quand même pas, ce qu'on appelait des morts-vivants, ou des fantômes ? Après tout, même Cosette n'était pas très éloigné du fantôme. Mais elle, c'était différent. A moins que... Pourquoi serait-elle une exception ?

Paul ouvrit de grands yeux terrorisés quand elle lui demanda ce qu'il avait fait. Visiblement, il avait du mal à en parler, il devait vraiment en avoir honte. Il fit retomber son visage sur ses mains et en pleurant déclara timidement avant d'éclater:

-J'ai... J'ai... J'ai... CONFONDU LE SEL AVEC LE SUCRE !!!!

"CHUT !!!" firent tous ensemble les cuisiniers devant un tel cri de la part de Paul. Il se calma et soupira. Puis, il se releva tranquillement, passa sa main sur son visage et sortit du placard. Il avait le visage très pâle, ovale, des lunettes rondes sur le nez. Ses cheveux noirs étaient tenus en une longue queue de cheval dans le dos. Plus ou moins fièrement, enfin, c'est l'impression qu'il essayait de se donner, il avança... Mais se prit immédiatement les pieds dans ses lacets et trébucha.

Il se releva d'un bond, un peu trop précipitamment ce qui fit qu'il se heurta la tête à un plan de travail qui dépassait. "Ouch !" grommela t-il. Il se releva finalement, mais encore une fois, sans faire attention, trop brusquement et il renversa un cuisinier qui avait eu le malheur de passer par là. Il en lâcha sa marmite qui se déversa par terre.

-Aaaaaah ! Je... Je suis désolé ! Vraiment désolé ! Je vais vous aider à nettoyer.

Il se pencha, agrippa un drap blanc... Qui s'avéra être un drap recouvrant une table sur lequel se tenaient, assiettes, tasses et compagnie. En tirant pour utiliser le drap comme un torchon, il fit basculer la vaisselle qui se brisa.

-Aaaah ! Sébastian va me tuer ! Aaaaah ! Je ne suis bon à rien ! Il se rua dans le placard qu'il referma d'un coup sec derrière lui.

Pendant ce temps, la maîtresse continua:

-Vous ne pouvez le voir, mais en fait, vous vous trouvez actuellement dans votre manoir. Oui je sais, c'est fou, nous sommes à Agrabah, pas en France, mais c'est la vérité. On peut en quelque sorte dire que nouys voyageons avec.

Impossible pour Cosette de savoir si elle disait la vérité. En fait, elle n'en croyait pas un mot. Et elle n'aurait pas été aveugle, elle serait partie d'elle-même. Elle était malheureusement livrée aux mains de ces énergumènes sans pouvoir réagir. Encore un des affres de son aveuglement, encore une raison d'en vouloir à Ondine.

-Et nous ne sommes pas des fantômes. Pas plus que des morts. Mais c'est compliqué. Les discours m'ennuient. Mangeons, fêtons le non-anniversaire de... Tiens oui, par qui commençons-nous ?

-j'en ai marre. Je veux des réponses. Il me semble que le moment est parfait pour parler !

-Du calme, vous allez ameuter tout le quartier. Comte. Cela m'ennuie d'en parler, voudriez-vous le faire pour moi ?

Quand Ondine entend la raison pour laquelle le garçon pleurait, elle fut stupéfaite car elle trouvait cela stupide, surtout que ce genre d'erreure peut arriver à tout le monde. Le garçon finit par sortir du placard mais il fit plein de bétises, la rouquine put constater combien il était maladroit, c'est clair il cassait tout. Au bout d'un moment, il finit par se renfermer dans le placard à balai. Ondine ne voulait pas le laisser ainsi, elle eut donc une idée. Utilisant la magie, elle tendit son bras et une vague de lumière passa dans la pièce, quand tout fut finit, tout était réparé, c'est comme si rien ne s'était passé, même mieux, tout semblait neuf, ça brillait un peu d'ailleurs. Ondine afficha alors un petit sourire, montre un air innocent et dit à l'intention de Paul : "Mais de quoi tu parles? Il n'y a rien, tout est impeccable".

Aux paroles d'Ondine, il y eut un long silence de la part de Paul. Il entrouvrit la porte et jeta un oeil au dehors. Tout semblait effectivement impeccable. Il soupira et sa voix résonna, sourde dans le placard:

-C'est très gentil mademoiselle, mais je sais très bien que je suis un incapable et que je rate tout ce que je fais. Ça m'arrive tout le temps. Je vous suis juste reconnaissant de m'avoir épargné de me faire réprimander une fois de plus par Sébastian.

On entendit un coup sourd, suivi d'un aïe. Visiblement, il avait voulu s'incliner, mais il s'était cogné à quelque chose dans le placard. A ce "bonk", survint également le retour du Sébastian en question. Il poussait la desserte devant lui. Le gâteau avait été laissé dans le salon et il avait coupé plusieurs parts. Six apparemment, ou alors une très grosse. Il rangea la desserte et s'avança vers le placard.

-Paul ! Je croyais t'avoir demandé de sortir de là. Par dieu, quand grandiras-tu ?

-J'arrive. Il sortit, un seau de fer sur la tête.

-Paul, qu'est ce que tu fais ?

-J'ai trop honte.

-Bon sang, tu es ridicule. Tu sais très bien que la maîtresse ne t'en veut pas mais qu'elle déteste que tu manques à ce point de confiance en toi. Alors, enlève ça et va servir ta maîtresse comme il se doit.

Paul s'inclina et enleva son seau et, très prudemment, sous le regard désapprobateur des cuisiniers, il sortit de la cuisine, vers le salon.

-Le gâteau est servi, damoiselle.

Suite aux dires de Paul, Ondine secoua la tête et dit : "Arrêtes de rabaisser voyons, les maladresses arrivent à tout le monde, même à moi tiens. Tu es jeune et tu as encore beaucoup de choses à appreis t besoin de te décourager. Persévère et je suis et certaine que tu deviendras un très grand majordome digne de ce nom, mais c'est pas en t'enfermant dans un placard que tu changeras les choses".

Ondine entendit plusieurs bruits dans le placard quand Sébastian arrive et finit par persuader Paul de sortir et d'aller servir, il sortit alors. Sébastian annonça ensuite à Ondine que le gâteau était servit, la rouquine dit alors : "Merci, mais je ne vais pouvoir rester, j'ai des choses importantes à faire".

Ondine quitta la pièce et traverse les couloirs pour se rendre vers la sortie.

[HRP: Ouais ! Centième message !]

Cosette était excédée de tout ce mystère. Peut-être le comte lui aurait donné des informations, mais quelqu'un entra. Il y eut des bruits d'assiette, de couverts en argent touchant délicatement la porcelaine. On servait quelque chose que l'on passait de mains en mains. Soudain, Cosette sentit l'odeur d'amande. Elle sentit quelque chose de frais, prêt de ses lèvres. Elle sentit aussi qu'Alois s'était rapproché. Pas de doute, il lui tendait un bout de gâteau, l'aidait à manger. Bien que méfiante, par politesse, elle ouvrit la bouche pour accueillir le morceau. Un sublime goût d'amande et de crème. Rien de dangereux, au premier abord.

-Donc ! Cosette sursauta d'entendre le comte introduire la conversation aussi brutalement. -Quand vous êtes morte, le jeune homme à vos côtés, Alois, fut très chagriné. Aussi, il fit un pacte avec un démon pour l'aider à obtenir vengeance. Malheureusement, l'objet qui renfermait votre âme fut volé, sans que l'on puisse le retrouver. Il a alors fait appel au conseil des ombres, que nous sommes, pour l'aider à garantir sa vie le plus longtemps possible. Nous sommes nous aussi tous liés à un démon, ce qui nous garantit l'immortalité, avec quelques conditions qui nous sont propres et que nous gardons secret pour plus de sûreté.

-Alors ? Qui a volé le calice ? Pourquoi ? Voulait-on empêcher Alois de m'aider ?

-A votre avis ? Qui aurait pu désirer vous maintenir morte ? Vous préserver, vous mettre dans un vase comme un joli bouquet de fleurs ?

La réponse fut évidente. C'était le fiancé de Cosette. Elle n'eut même pas besoin qu'on le lui dise, ou de le dire elle-même. Elle savait qui était responsable. Encore une raison de lui en vouloir et de se venger de lui.

-Il savait donc.

-Il est même celui qui vous a maintenu en vie, comme un trophée.

-S'il savait vaincra la mort, la mienne, peut-être pouvait-il éviter la sienne ?

-Finement observé. C'est pour ça qu'il nous faut retrouver la dernière personne qu'il nous manque. Alors, nous saurons où votre fiancé se trouve. En fait, en trouvant cette personne, nous trouverons votre fiancé.

-Et qui est cette personne ?

La maîtresse de maison eut un nouveau sourire malin, comme si elle appréciait toujours autant de maintenir le suspense avant de répondre.

-Fujino Asagami.

Normalement lorsqu'on laisse un suspense, c'est parce que l'on sait que la réponse aura de l'effet. Quand on va révéler un nom, qu'on laisse un suspense, c'est parce que l'auditoire connaît la personne en question. Or, là, Cosette ne connaissait pas cette Fujino Asagami. Ce nom lâché comme si la maîtresse de maison espérait créer la surprise ne fit aucunement réagir Cosette, pas autrement qu'en la faisant demander:

-Bien. Et où est-elle ?

-C'est là que le bât blesse. Elle était supposée vivre au pays des merveilles, mais depuis, elle a disparu sans laisser de traces, suite à une altercation avec quelques personnes de mauvaise compagnie semble t-il. Je crois que Maléfique doit encore y être pour quelque chose, mais ça reste à prouver.

-Et pourquoi cette fille est-elle importante ?

-Deux solutions. Fit-elle triomphante, comme un gamin heureux d'avoir trouvé la réponse à une énigme. Mais elle n'alla pas plus loin, ce qui irrita encore Cosette. Elle laissait encore le suspense ou quoi ? Ce fut le comte qui répondit:

-Soit le fiancé est quelqu'un de sa connaissance, soit votre fiancé a trouvé le moyen de renaître encore et encore. Fujino est enceinte et la baronne pense qu'elle est enceinte de votre fiancé.

-C'est absurde.

-C'est ce que j'ai dit. Mais la baronne reste persuadée du contraire.

-Quand on ne peut avoir la vie éternelle, autant la vivre encore et encore. Après si cela vous répugne de vous venger d'un nourrisson... Mais sachez que bébé ou pas, il reste votre fiancé, celui qui vous a tué.

-Uniquement si votre théorie est fondée, ce qui reste à prouver.

-Bon on attend quoi ?

-Ah, voilà qui est mieux. Bien, je présume que vous êtes prête à nous rejoindre. Aussi, passons aux présentations. Je suis la baronne Mei Misaki, voici le comte Ciel Phantomhive, le comte Alois Trancy et la baronne Elizabeth Midford. Enfin, comme vous ne pouvez le voir ça ne change rien. Oh, et il y a aussi ce cher ami... Peu bavard.

-C'est un squelette, baronne.

-Oups, suis-je distraite.

-Ce n'est vraiment pas mignon.

-Bon, et pour mes yeux ?

-Quoi, vous voulez changer de couleur d'yeux ?

-Pour que je puisse voir à nouveau. Fit Cosette, de plus en plus irritée.

-Allons, n'ai-je pas dit que l'on voyait mieux sans les yeux ? Tiens, là par exemple, je sais sans la voir que quelqu'un nous écoute.

Mei Misaki pencha la tête sur le côté en même temps qu'elle penchait son index en un coup sec, comme une aiguille, vers la porte, un petit sourire aux lèvres. Cosette put entendre des pas dans le couloir (enfin sans doute le couloir, qu'est ce qu'elle en savait). Cependant, personne ne bougea. Surtout pas Paul, encore moins les invités, encore moins le squelette assis sur le fauteuil, encore moins Cosette.

Dans le couloir, Sébastian s'interposa, obligeant Ondine à se heurter à lui.

-Il serait impoli de nous quitter maintenant. Nous allons servir une autre tasse de thé. Et ensuite, commencera vraiment la "tea party". Vous ne voulez vraiment pas manquer ça.

Il frappera dans ses mains. Ensuite, les murs du couloir bougèrent, comme des décors mis sur roulettes. Tout changea de place comme un cube rempli d'objet que l'on aurait secoué pour tout chambouler. La porte de sortie elle-même changea de place. La maison se réarrangea de telle sorte que ce fut finalement le salon qui se plaça à la place du couloir, puis les meubles eux-même, les invités encore sur les fauteuils, le thé ne s'étant même pas renversé.

-C'était amusant, n'est-ce pas Ciel ? C'est tellement charmant de changer la déco tous les jours en un tour de main.

-C'est le moins qu'un majordome de la maison Phantomhive puisse faire, mademoiselle. Dit-il à Elizabeth avant de pousser Ondine sur un fauteuil.

Mei fit craquer ses doigts en souriant. Elle fit aller ses doigts avant de déclarer:

-Tiens. On dirait que vous vous en alliez sans dire au revoir. C'est très malpoli. Savoir chanter n'a jamais signifié que l'on devait en oublier ses manières. Bien. Il me semble que vous avez pris quelque chose à la damoiselle ci présente. Dit-elle en indiquant Cosette. -Je trouve juste dommage que vous soyez parti sans goûter le gâteau de Sébastian. Un délice. Oh, mais vous revoilà, vous allez pouvoir y goûter. Sébastian approcha une part du nez d'Ondine. -Mon dieu, il faut encore faire les présentations, quel ennui. Cosette d'Auvergne, Alois Trancy, Ciel Phantomhive, Elizabeth Midford, et moi c'est Mei Misaki. Et le squelette, appelons-le Didier... Non, Maurice. Elle désigna chacun. Ciel parut ronchon, Alois ne fit rien, Cosette ne savait pas de quoi on parlait et Elizabeth fit un immense sourire joyeux, on aurait dit une gamine toute innocente, ravie de se faire une amie. -Ouh, j'en perds mes lorgnons. Dit-elle en sortant un très gros monocle qu'elle mit à son oeil sous les soupirs exaspérés de Ciel qui ne semblait vraiment pas apprécié le côté "farfelu" de Mei.

Ondine continua de courir quand elle se heurta contre quelqu'un. Elle tomba alors au sol sur le derrière. Elle releva la tête et vit Sébastian qui lui dit quelque chose, elle se relève, voulut répondre mais n'en eut pas le temps car elle vit les mûr se déplacer avant de retrouver à l'intérieur du salon où Sébastian la fit s'asseoir à un fauteuil en la poussant. Quand Mei dit à Ondine que c'était impoli de partir sans dire au revoir et qu'elle a prit quelque chose à Cosette, Ondine dit : "Désolée mais je suis pressée et je n'ai rien pris à personne".

Puis, Sébastian approcha une part de gâteau à Ondine qui le lui fit écarter d'un geste de la main.

"Désolée, je n'ai pas faim".

Mei se met ensuite à présenter tout le monde et quand elle finit, la rouquine se relève du fauteuil et dit : "Bon, je vous l'ai dit, je suis pressée, donc, je dois partir, au revoir".

Elle se dirige ensuite vers la sortie de la pièce.

Cosette put reconnaître la voix d'Ondine et comprit enfin de quoi on parlait. Elle en grinça des dents. Cependant, elle ne pouvait rien faire, ignorant même où se trouvait Ondine dans la pièce, ignorant même ce qu'il se trouvait dans la pièce. Tout ce qu'elle risquait c'était de se prendre les pieds dans la table ou ce genre de choses. De toute façon, de ce qu'elle avait compris, Mei avait un contrôle de la situation totale. Elle n'avait pas vraiment compris ce qu'il s'était passé, mais elle se doutait qu'elle avait élaboré un stratagème pour faire venir Ondine à elle, et qu'elle ne la laisserait pas s'échapper.

Mei fit tenir sa cuillère en équilibre sur son doigt.

-Rien pris ? C'est un point de vue. Vous lui avez quand même pris ses yeux. Ma langue a fourché... La vue. Vous êtes pressée ? Seriez-vous un lapin blanc ?

Quand Ondine s'avança vers la porte, Sébastian frappa dans ses mains et la porte changea de place, allant de l'autre côté de la pièce.

-Oups, la porte s'est fait la malle. Elle est... Taquine, parfois. Vous comprenez... Je n'ai pas envie de vous mettre à la porte, alors autant vous mettre au pied du mur. Donc nous disions...

Elle sauta pour mettre ses deux pieds sur les accoudoirs, pour se mettre debout dessus. Elle siffla et Paul lui envoya une pince, le genre que l'on utilise pour sortir les bûches du feu. Puis, elle frappa les accoudoirs de ses pieds. Aussitôt, les bibliothèques tournèrent sur elle-même et dévoilèrent des ateliers de bois, avec des fuseaux, des ponceurs, tout un matériel de menuisier. Et puis, des pantins de bois tombèrent du plafond, suspendus à des fils.

-Question ! Pince-mi et Pince-moi sont sur un bateau. Pince-mi tombe à l'eau. Qui reste sur le bateau ? Dit-elle en faisant claquer ses pinces métalliques. -Ah, chantons !
Petit pantin de bois
Petite femme de joie
Viens danser avec moi
J'ai vraiment faim de toi.
Une soupe d'yeux
Qui, qui en veut ?
Vous ne vous êtes pas présenté damoiselle, quelle bonne idée, ça m'évitera de m'attacher à vous. Car comme vous pouvez le voir, j'en pince déjà pour vous. On ouvre grand ses jolis yeux. Ca va être rigolo. Enfin, ça dépend pour qui.

-Eh ! Même si je déteste cette fille... Si je comprends bien votre plan... J'ai pas envie qu'on vienne me mettre des yeux d'une autre. Je doute que ça marche, et ça va faire très mal. Se plaignit Cosette.

Quand Mei dit qu'elle avait pris les yeux de Cosette, Ondine dit en continuant d'avancer : "Je ne sais pas ce qui s'est passé mais je n'ai en aucun cas pris les yeux de qui que ce soit".

Alors qu'elle tendit sa main pour ouvrir la porte, celle-ci se met à bouger à travers le mûr. La jeune fille le suivit du regard en tournnt sur elle-même avant de la voir s'arrêter à l'autre bout de la pièce. Ensuite, Paul envoya à Mei une pince, ensuite, les bibliothèque s'ouvrent pour laisser voir une sorte d'atelier secret. Suite aux dires de Mei et de Cosette, Ondine compris ce qu'elle voulais faire et montra un air surpris. La rouqine recula d'ailleurs sur le coup avant de montrer un petit sourire et dit : "Moi, j'en pince pas pour toi, c'est pince-moi qui tombe à l'eau et pince-moi c'est vous tous! SURF!"

Ondine tendit ses mains devant elle et envoya une grande vague vers les "invités" avant d'innonder toute la pièce. Ses pieds flottant sur l'eau, Ondine glissa comme si elle faisait du surf vers la porte. Elle fait apparaître sa keyblade dans sa main et la pointa vers la porte. Un rayon lumineux jaillit du bout de la clef géante avant d'aller droit sur la serrure, la porte s'ouvrit alors toute seule et l'eau se déversa par la porte jusqu'à l'extérieur de la pièceavec Ondine surfant dessus.

"Youhou!"

Quand la vague déferla dans le salon, Elizabeth poussa un cri perçant, Alois fit se lever Cosette et la serra fort dans ses bras pour ne pas qu'elle se laisse emporter puisqu'elle ne voyait pas ce qui se passait et risquait de se laisser surprendre par les flots, au risque de la blesser, ou pire de la noyer. Quant à Mei, elle rugit:

-Elle a dit "pince-moi", je dois la pincer, c'est pas du jeu.

Puis, quand l'eau termina de se déverser en dehors du salon et que le silence retomba sur la petite réunion, Elizabeth le brisa en poussant un nouveau cri perçant les tympans.

-Hiiiii ! Je suis toute décoiffée et ma robe est toute mouillée ! Je suis sûr qu'elle va déteindre ! Je ne suis plus du tout mignonne comme ça !

Mei porta sa pince pour l'examiner. Puis, elle la lança derrière son épaule en soupirant. Ciel claqua des doigts et Sébastian s'approcha avec un sèche-cheveux. Visiblement, ce n'était pas ce que Ciel avait en tête car il grogna de mécontentement, mais le majordome continua de sécher son maître avec cet appareil. Alois rassit Cosette sur le fauteuil et siffla. Un autre majordome, cheveux noirs et lunettes rectangulaires sur le nez, approcha et tendit une serviette avec laquelle Alois s'affaira à essuyer les cheveux de Cosette. Quand à Elizabeth, elle pouvait bien s'enrhumer, on s'en fichait visiblement.

Paul prit également une serviette et essaya de sécher Mei, très maladroitement, comme s'il hésitait à la toucher, très gêné. Mei, après avoir réfléchi, déclara:

-Bien. Je suggère que l'on renomme notre conseil, le conseil des ombres mouillées. Heureusement que j'avais mis les bibliothèques dans l'autre sens, sinon on aurait nos précieux livres tout mouillés.

-Kit tout mouillé. Ca pas juste.

-Tiens, t'es encore là toi.

-Kit avoir choisi. Kit prendre chocolat ET papier qui-brille.

-J'imagine à vous voir qu'on ne fait rien pour arrêter Ondine ? Grogna Ciel.

-Pour quoi faire ? Avons-nous quelque chose à nous reprocher ? Quelque chose à faire taire ?

-Bien que votre hypothèse soit infondée, elle ira peut-être prévenir Fujino de ce que nous projetons et elle risque de ne plus être aussi encline à nous rejoindre.

-Elle aurait tort. On ne lui veut aucun mal à Fujino.

-Mais à son bébé si. Qu'il s'agisse ou non du comte d'Auvergne, elle refusera qu'on l'approche.

-De toute façon, pour l'instant, Fujino est portée disparue. Elle a peu de chance de la retrouver et si elle le fait, alors elle pourrait nous aider sans le vouloir à la localiser. Bref, qui veut un peu de thé ?

Cosette se demandait encore comment elle pouvait croire une hypothèse aussi stupide que celle qui voudrait que son fiancé se soit réincarné dans le ventre de Fujino. Mais quand on n'a qu'une seule piste, il est difficile d'en entrevoir une autre, et d'en suivre une autre. Aussi, elle retrouverait Fujino. De toute façon, le conseil des ombres aurait bien les moyens de s'assurer par la suite que Mei avait raison ou pas. Elle allait parler, dire quelque chose dans le genre: "je me joins à vous" ou "mettons-nous au travail", mais Mei la devança.

-Nous verrons tout ça une autre fois de toute façon. Là, c'est l'heure de dormir.

Cosette fit les gros yeux. On aurait dit une monitrice de colo annonçant la sieste. Il n'empêche que sans pouvoir le voir, elle entendit distinctement les invités bouger. Ils s'allongeaient sur les fauteuils et les canapés, doucement, sans se brusquer. Les majordomes mirent des couvertures sur eux et Mei alla s'installer au piano. Alors, elle chanta une magnifique chanson, pure et claire. Elle fit se fermer les yeux, même ceux de Cosette qui, avant de s'endormir, se prit à se dire qu'elle avait l'impression d'entendre un ange.



Au dernier couplet, elle chanta tout de même en langue commune:

-La nuit tombe sur nous
Nous partons au pays des rêves
Nous ne sommes que des enfants
Nos jeux innocents ne doivent pas
Nous faire oublier la réalité
Je veille sur vous
Vous qui jouiez au loup
Vous n'avez rien à craindre
Vous êtes des anges quand
Vous dormez dans mes bras

Elle termina sa chanson et tout le monde était endormi. Les majordomes se retirèrent. Mei jeta un regard bienveillant sur son petit monde et sourit. Puis, elle reporta son attention sur le piano sur lequel il y avait un cadre photo. Elle le saisit et observa la photo, visiblement un peu triste.

-Nous ne sommes que des enfants après tout. Il nous faut beaucoup dormir, n'est-ce pas ? De plus de 250 ans, mais nous sommes restés des enfants. C'est quand on dort qu'on le voit. Elle versa une larme et embrassa la photo avant de la reposer sur le piano. Délicatement, elle se releva et ferma les rideaux. La maison s'était élevé dans le ciel et voguait au gré du vent.

-S'ils savaient que le conseil des ombres n'est constitué que d'enfants perdus, qu'est ce qu'ils rigoleraient... De pauvres enfants...

Une fois qu'Ondine reprit son souffle, elle se mit à marcher à travers la foule qui peuplait la rue de cette place en regardant autour d'elle comme si elle cherchait quelque chose ou quelqu'un. Au bout d'un moment, elle vit Dilan, le petit garçon pauvre qu'elle avait aidé lors de la dernière visite de ce monde, qui partageait un morceau de pain avec d'autres enfants qui semblaient aussi pauvres et affamés que lui. Elle s'approcha de lui et dit : "Bonjour Dilan".

Le petit garçon sourit en la voyant.

"Bonjour mademoiselle. Je suis heureux de vous revoir. Que faites-vous à Agrabah?"

"Je suis venue pour te voir. Tiens, voici un cadeau".

La rouquine lui donna un bourse de pièce d'or.

"Voici un cadeau pour noël".

"Ho! Merci, je pourrais nourrir ma famille avec cet argent".

"Contente que ça te plaise. Je dois y aller à présent. Au revoir".

Elle lui fit un petit bisous au front puis s'éloigna et lui faisant un signe de la main que dilan lui rendit. Elle se rendit à son vaisseau qu'elle décolla et quitta alors le monde, bien décidée à retrouver tout ses amis, Fujino compris.