Les amateurs de "qui-brillent"

Dans le désert, on pouvait voir que quelques grains de sable s'envolaient par à coups. En s'approchant, on pouvait voir également de temps à autre apparaître le bout d'une pelle. Visiblement, on creusait le sable et visiblement ça n'avançait pas, puisque plus ça creusait, et plus le sable glissait vers le fond, anéantissant les progrès déjà faits. En s'approchant encore davantage, on pouvait voir que ce qui creusait n'était pas humain. On aurait dit une gerbille ou un rat humanoïde de petite taille, habillé d'oripeaux sales et rapiécés. Et plus la créature creusait, plus elle marmonnait de sa petite voix fluette et sifflante.

-Creuser, creuser. Oh oui, oh oui, plein de qui-brillent dans le sable, qui-brillent, qui-brillent ! Maîtresse contente, fière de Kit. Alors, elle donner plein qui-brillent. Oui, oui, qui-brillent, qui-brillent.

Soudain, la créature releva le museau et huma l'air d'un air effrayé. Il avait senti quelque chose d'étrange et de potentiellement dangereux sans aucun doute. Il s'agrippa au bord du trou et sortit à peine ses oreilles du trou pour voir ce qu'il se passait. Prudemment, il regarda le désert infini, mais il ne semblait ne rien avoir. Toutefois, quand il se retourna, ce qu'il vit lui fit arracher un couinement aigu et perçant:

-Oh nooooooooooooooooon !

A Agrabah, Cosette venait d'arriver grâce aux bons soins du bateau de Crochet. Bien sûr, le pleutre était déjà reparti pour le pays imaginaire. Mais au moins, Cosette avait pu bien s'amuser. Il y réfléchirait à deux fois avant de se laisser charmer par une poupée comme elle. Elle réfléchissait toujours au moyen de faire revenir son fiancé et de se venger de lui. Elle souhaitait retrouver son monde dans un premier temps pour pouvoir retrouver tout son petit confort et ensuite échaffauder sa vengeance. Au final, sa vie ne se résumait pas à grand chose et était bien ennuyeuse. Car après tout, une seule chose la maintenait en vie et c'était ce désir de vengeance, de rentrer à la maison et de se marier pour le pire surtout et moins le meilleur.

Dans cette ruelle, un marché se tenait place. Son regard s'arrêta sur un étal vendant des bijoux de toute sorte.

-Mademoiselle, votre beau visage serait sûrement plus en valeur avec l'un de mes merveilleux bijoux. Une boucle d'oreille pour cerner ce visage ? Regardez celui-ci en forme de scorpion !

-Mais ce n'est pas un vrai...

-Hein ? Ah ah ah ! Bien sûr que non ! Ce n'est que de l'or du plus beau... Aaaaaah !

Le scorpion d'or venait de piquer la main du marchand sous le regard amusé de Cosette.

-Douze piastres.

-Aïe ! Hein ? Hors de question, cela en vaut... Aaaaaah !

-Douze piastres.

-Bon, bon. Voilà. Et allez-vous en à présent !

Le marchand tendit les boucles d'oreilles à Cosette qui les saisit et les rangea dans sa poche. Toutefois, elle ne donna pas douze, pas même une piastre au marchand avant de se retourner. Celui-ci, choqué, certain que la journée était désormais gâché, n'en resta pas là. Il hurla à la garde. Cosette savait qu'elle ne devait désormais plus rester. Elle courut dans les rues d'Agrabah pour disparaître dans une rue ombrageuse.

Désormais à l'abri, elle put du coup sortir ses boucles d'oreilles de sa poche et les accrocher. Elle regretta de ne pas avoir un miroir à portée de main. Elle sentit qu'elle s'était fait mal à l'oreille et qu'une goutte de sang perlait. Elle passa le doigt dessus et examina son doigt en souriant. Elle regarda dans la goutte qui perlait et vit une fille aux cheveux rouges et un rongeur humanoïde dans le désert.

-Attendez un peu mes mignons. J'ai à vous parler. Je ne sais de quoi, je ne sais pourquoi mais mon coeur le dit.

Elle baissa le doigt et regarda autour d'elle. Elle sortit de sa cachette et vit une caravane de dromadaires prête à partir. Il y avait juste un homme à pieds qui parlait avec un autre. Il y avait trois dromadaires. Deux étaient sellés à peu près normalement. Le troisième avait reçu tous les bagages. Il y avait enfin un éléphant avec une tente de dentelle sur le dos, splendidement ouvragée. Les deux hommes discutaient:

-La maîtresse a dit que nous partions tout de suite. J'espère que tu as bien préparé les provisions.

-Tu me prends pour qui ?

-Bien. J'espère aussi pour toi que personne ne sait que la maîtresse est à Agrabah ou ça va chauffer pour toi.

-Et pourquoi ça retomberait sur moi ?

L'homme ne daigna pas répondre. Il monta sur son dromadaire. Cosette s'avança et interpella l'homme qui n'était pas encore monté sur sa monture. Usant de son charme, elle battit des cils et s'adressa à l'homme.

-Je souhaiterais beaucoup aller dans le désert.

-Désolé mademoiselle, mais c'est une caravane privée. Et nous... Enfin... Euh... Bah, après... Euh... Si vous voulez... Euh...

-Ca ira, Achmed. Laisse-la venir. Mais qu'elle voyage sur les bagages... Faites attention à ne rien casser.

-B-b-bien maîtresse. Permettez ?

L'homme l'aida à monter sur le dromadaire qui ne semblait pas très heureux de voir sa charge déjà importante s'agrandir. Et la caravane prit la direction du désert.

Pendant ce temps, le petit rongeur tremblait de tous ses membres devant la chose qui avait attiré son attention. Un superbe basilic au regard pétrifiant en pierre. Le petit rongeur se cacha les yeux tout en demandant sa mère.

Le petit rongeur sentit soudain que quelque chose lui tombait sur la tête. Paniqué, il recommença à creuser avec ses griffes dans le sable, mais il était impossible de creuser plus profond. Alors, il se contenta de creuser un peu et de plonger sa tête dans le sable comme une autruche. Le basilic grogna férocement. Ses yeux avaient la capacité de changer en pierre tout ce qui croisait son regard. Il se prépara à mordre quand soudain, un barrissement l'effraya et le fit déguerpir.

Dans un panache de sable, apparut une caravane constituée d'un éléphant et de dromadaires. Au sommet de l'éléphant, était accroché une tente de soie d'où provint une voix féminine.

-Kit. Au rapport !

Le petit rongeur ne répondit pas. La tête dans le sable, il ne devait peut-être pas entendre. Quoiqu'il en soit, l'un des hommes sur les dromadaires descendit de sa monture et s'approcha de la créature. Il la tira par la queue semblable à un ver de terre luisant.

-Skriii ! Pas la queue ! Kit pas sourd ! Maîtresse venu chercher qui-brillent ?

-Kit ! Où en sont tes recherches ?

-Kit chercher. Kit chercher, Kit pas trouver.

-Alors continue. Et plus vite que ça. Qu'on installe le campement.

Les hommes descendirent de leurs montures. Cosette intervint à ce moment seulement. Elle appela Achmed pour l'aider à descendre en jouant toujours de son charme. Elle passa la main dans ses cheveux. Son look semblait bien improbable pour le lieu. Elle fit jouer ses boucles d'oreilles sous le chaud soleil. Kit semblait passioné par ces bijoux.

[color=olive]-Qui brillent ! Qui-brillent ! Oh, oh, oh, qui-brillent, beaux et brillants !/color]

Cosette arracha une de ses boucles d'oreilles et la tendit au rongeur qui exulta (c'est peu dire, puisqu'il fit de multiples cabrioles et courut dans tous les sens). Puis, le rongeur repartit creuser ailleurs. Cosette alla s'asseoir sur le sable et poussa un soupir très fort tout en agitant sa main devant son visage. Aussitôt, Achmed, un grand sourire niais au visage, vint installer de quoi lui faire de l'ombre et agita quelques feuilles pour aérer la jeune fille.

La femme dans la tente, elle, ne bougea pas, ne se montra pas, resta cachée derrière les rideaux de soie, n'étant qu'une ombre derrière ces tissus. Achmed glissa à l'oreille de Cosette qu'elle ne descendrait pas de la journée, ni de la nuit. Qu'on ne la voyait jamais.

Alors que le rat enterra sa tête dans le sable, Ondine vit un horrible serpent gigantesque et hideux, elle en fut tellement effrayée qu'elle lâcha un cri de peur et tomber sur son derrière en voulant reculer. Alors qu'il allait mordre, un bruit l'effraya et il s'enfuit, au grand soulagement de la jeune fille dont le coeur battait à toute allure. Ondine entendit une voix de femme s'adresser à un certain Kit mais celui-ci ne semblait pas lui répondre. Un homme s'approche et tira le rat par la queue, déterrant ainsi sa tête du sable et le sortant du trou. Écoutant à peine ce qui se disait, la rouquine tenté de remonter mais le rebord du trou n'arrêtait pas de céder à son poids, la faisant retomber au fond. Au bout d'un moment, elle se met à crier : "Hé! Je suis là! Quelqu'un pourrait m'aider à sortir?!"

Cosette observait la tente juchée sur l'éléphant. Le fait que la femme à l'intérieur ne se montrait pas attisait bien sûr sa curiosité. Comme on dit, plus on veut cacher, plus c'est visible. Elle savait cependant que son charme ne suffirait pas à obtenir la possibilité de voir davantage. Bah, chaque chose en son temps, cela viendrait plus tard. Elle reporta plutôt son attention sur le rongeur qui creusait à perdre haleine en répétant "qui-brillent, qui-brillent" sans arrêt, ce qui énervait énormément les deux malabars qui accompagnaient la caravane.

Cosette se posa la question. Dans la goutte de sang, elle avait vu la gerbille mais elle avait vu aussi une jeune fille. Où était-elle donc ? Elle avait cru l'apercevoir. Sa voix vint jusqu'à ses oreilles. Elle claqua des doigts et Achmed suivit Cosette comme un petit chien en l'éventant et en s'assurant qu'elle restait à l'ombre. Une fois arrivée près du trou, elle y jeta un oeil amusé en voyant la jeune fille rousse s'évertuer à remonter.

-Ce qui monte doit toujours redescendre comme on dit. Mais soit, commençons déjà par la montée.

Cosette n'avait aucune envie de se salir ou même de risquer de glisser dans le trou à son tour, ce qui était probable. Dans sa robe de lady, cela n'aurait pas été pratique, ni convenable. Alors, elle trouva une solution. Sous ce soleil de plomb, son ombre était très grande et noire. Parfait pour l'utiliser. Cosette tendit la main vers Ondine et son ombre se plaça derrière Ondine pour la pousser, rendant la tâche plus aisée. Pour plus de sûreté, elle s'aida aussi d'Achmed pour se retenir. Oh, elle aurait pu lui demander, à lui, mais Cosette avait envie d'entrer en contact avec cette fille de façon plus... Directe et avenante. La goutte de sang lui avait parlé d'elle. Elle ne laisserait pas Ondine tranquille de sitôt.

Après avoir appelé, Ondine vit une gamine accompagnée d'un homme s'approcher. Ondine lève la tête et quand la fille lui tendit sa main, Ondine la prit volontier et commence à monter en sentant quelqu'un la pousser pour lui faciliter le travaille. Une fois en haut dans le sol stable, elle lâcha la main de la fille, montre un beau sourire et dit : "Merci. Ho, j'allais oublier de me présenter, je m'appelle Ondine. Dites-moi, est-ce que par hazare vous auriez vu deux garçon du nom de Michel et Paul?"

Après avoir remontée Ondine de son trou à rats, c'était le cas de le dire, Cosette récupéra son ombre. Ou plutôt, son ombre revint se mettre à ses pieds. Même Achmed ne semblait l'avoir remarqué, tout à son parasol qu'il essayait d'arranger pour qu'il soit à la fois beau et efficace, qu'il couvre bien la petite Cosette au teint blanc. Il était clair que sous ce soleil de plomb une peau si blanche aurait bien vite de nombreux coups de soleil.

La jeune fille se présenta. Ondine qu'elle s'appelait, comme l'eau, comme ces nymphes des ruisseaux. Un nom facile à retenir au moins. Ca rappelait le point d'eau, la fontaine qu'il y avait dans le jardin de son manoir mais qu'elle ne pouvait que voir depuis les fenêtres de sa prison dorée qu'était ce manoir où son fiance la préservait du regard des autres. Mieux valait se présenter à son tour plutôt de rêvasser. Elle fit la révérence en levant sa robe un peu plus haut que nécessaire, comme à son habitude, révélant ses belles jambes blanches, presque transparentes.

-Cosette d'Auvergne. Je ne suis sur les routes que depuis peu. Et n'ai rencontré que peu de gens depuis le début. Je n'ai jamais rencontré de Michel ou de Paul. En attendant, vous êtes la première personne à avoir un visage qui semble un tant soit peu amical.

Le visage d'Achmed avait de quoi faire rire suite à cette remarque. Se sentant visé, il avait ouvert la bouche et les yeux ronds, en un magnifique "Beuh ?" SI l'intelligence avait un abîme, il se trouvait sûrement dans ce cerveau. Pas étonnant que Cosette ait réussi aussi facilement à le faire marcher à la baguette en si peu de temps.

-Ne serait-il pas temps pour des rafraîchissements ? Allons !

-Mais mademoiselle, je dois monter le camp... Et euh, nous n'avons rien à part de l'eau. Ce n'est pas un voyage de plaisance, voyez-vous ?

-Oooooh ! Fit-elle en mimant un évanouissement -Vous me décevez, mon ami. Moi qui vous trouvais pourtant si mignon.

-Je... Je vais voir ce que je peux faire, m'dame.

Pendant ce temps, le petit rongeur nommé Kit creusait tant et si bien qu'il parvint à trouver quelque chose. Une tablette d'or... Non... C'était plus que cela. Un bout de mur en or. Il y avait tout un bâtiment d'or enseveli là.

-Trouvé qui-brillent. Ouah ! Beaucoup qui-brillent ! Qui-brillent ! Kit trouver. Kit content. Creuser encore.

-Parfait Kit. Terminez le campement et ensuite creusez tous. Nous devons dégager ce temple du sol.

Le petite fille du nom de Cosette disait ne pas avoir rencontré ni Paul et ni Michel, ce qui déçut assez Ondine qui commençait à désespérer depuis le temps qu'elle est à la recherche de ses amis perdus. Lorsque Cosette lui fi un compliment, la jeune fille hausse un sourcil et dit : "Heu...merci".

Cosette insista ensuite pour avoir des boissons à boire auprès de l'homme qui la suivait partout, Ondine décide d'intervenir et dit : "Ce n'est pas grave pour moi. de toute façon, je ne bois que de l'eau, du perrier ou du jus d'orange".

Ensuite, Ondine entend ensuit le rat Kit crier d'un air enthousiaste.

"Hmmm...on dirait qu'ils on trouvait ce qu'ils cherchaient. Mais que cherchent-ils au juste?"

L'homme partit à la recherche de quelques "rafraîchissements". D'un regard à l'homme, elle lui avait fait comprendre qu'elle ne serait pas aussi généreuse et raisonnable qu'Ondine et donc qu'il allait devoir faire mieux que de l'eau. Autant demander à un mortel de changer l'eau en vin. Cosette retourna à sa place initiale en prenant la main d'Ondine pour l'intimider de la suivre et de s'asseoir auprès d'elle. Dans sa robe bouffante, Cosette s'assit en soupirant:

-Vous cherchez donc deux hommes. Deux de vos amis ? Et il semble que cela fait longtemps et que votre peine augmente à chaque nouvel échec. Malheureusement, ce que l'on perd est difficilement retrouvable. Je doute à présent que je retrouve jamais ma brosse à cheveux personnelle...

Ondine fit remarquer que le rongeur, le Skritt puisqu'il serait peut-être temps de donner un nom à la race de cette créature, avait enfin trouvé ce qu'ils cherchaient. Et bien sûr, la curiosité fit que l'on se demanda exactement ce que ce petit groupe cherchait. Cosette haussa les épaules.

-Je viens de les rejoindre. J'en sais aussi peu que vous. Mais des personnes qui ne cherchent que ce qui brillent, des bijoux et de l'or, voilà le genre de personnes dont on devrait se méfier, des gens peu recommandables. Mais tout ce qui brille n'est pas qu'or. Dit-elle en fronçant les sourcils pour elle-même.

Les hommes de main terminèrent le camp en hâte avant de saisir des pelles et de creuser autour de la découverte de Kit. Peu à peu, le mur d'or s'agrandit et on vit aussi qu'il était d'argent , de platine, de bijoux, de rubis et de diamant. C'était presque impossible à regarder sous le soleil qui se réverbérait sur la surface. Pour le moment, il semblait qu'il y en aurait encore pour des heures.

Lorsque Cosette lui prit la main, Ondine fut surprise sur le coup mais finit tout de même par la suivre et à s'asseoir à coté d'elle. Quand Cosette lui parla du fait qu'elle soit à la recherche de ses amies, Ondine baisse tristement la tête et dit : "Oui, mes meilleurs amis. Nous avons été séparé après la destruction de mon monde".

Puis, Cosette parla d'un objet qu'elle pense ne jamais retrouver, ce qui étonna assez la jeune fille car elle ne pensait pas qu'une brosse à cheveux puisse être importante pour quelqu'un.

"Votre brosse à cheveux personnelle?"

Cosette lui dit ensuite ne pas savoir ce que cherchaient les autres personnes exactement mais que ceux chechant des bijous, des pierres précieuses ou de l'or sont des personnes dont ils doivent se méfier. Ondine haussa les épaules et dit : "Peut-être que l'homme que vous avez envoyé nous chercher de quoi boire sait quelque chose et pourrait répondre à nos questions".

Cosette sourit nerveusement. Elle semblait se remémorer un souvenir lointain qui lui rappelait des émotions si fortes qu'il était impossible pour elle de dissimuler ce que cela lui faisait. Elle enleva ses gants de soie et suça ses doigts un par un, juste ceux de la main gauche. Puis, elle remit son gant en humant le vent chaud du désert. Cela sentait bon le sable chaud et la fraîcheur de la nuit qui approchait.

-Vous savez ? Un de mes amis, le comte Phantomhive m'a dit un jour "ce que l'on a perdu une fois est perdu à jamais." J'ai juré que je lui prouverais qu'il a tort. Malheureusement, ma brosse, je ne l'ai jamais retrouvé. Je souhaite que vous retrouviez vos amis, ainsi j'aurais gagné mon pari sur le comte.

Difficile à dire si ce genre de paroles était vraiment gentil ou attentionné, puisque Cosette semblait attacher une plus grande importance à ce pari qu'aux amis d'Ondine. C'était un peu l'impression que ça donnait. Mais au bon, au final, elle avait quand même manifesté un encouragement, c'était déjà bien.

-Ma brosse à cheveux. Si on vous enlevait l'unique présent que vous a fait votre grand-mère avant de mourir, ne seriez-vous pas attaché à lui ?

Elle disait cela d'un air détaché, comme si c'était bénin, presque amusant. Une fois encore, c'était comme s'il y avait une double pensée derrière la question. Comme c'était autant une justification qu'une vraie question curieuse et pernicieuse. C'était une façon détournée d'entrer dans la vie privée d'Ondine sans que cela paraisse, pour mieux la cerner et la piquer au vif. Un jeu d'araignée.

-Vous voulez qu'on leur demande ? Oh ce serait dommage de se gâcher la surprise. Ce sable que l'on enlève, c'est comme déballer un cadeau de Noël.

Cosette parla d'un pari qu'elle a fait avec un certain compte Phantomhive pour lui prouver qu'il avait tort du fait que ce qu'on a perdu n'est jamais retrouvé et elle lui dit aussi qu'elle souhaite qu'Ondine retrouve son pari pour pouvoir gagner son pari. Ondine montre un petit sourire et dit : "Et c'est bien ce que je compte faire".

D'après la suite des dires de Cosette, elle tiendrait à cette brosse car il serait le dernier cadeau de son grand-père. Il fallait avouer qu'Ondine la comprenait assez. C'est un attachement sentimental plus fort que Paul qui tenait à sa batte de base ball parce qu'elle a été signé par son idol dans ce sport. Cosette proposa quelque chose à Ondine pour en savoir plus sur les fouilles en ajoutant du fait que ce serait dommage de gacher la surprise. La rouquine se relève alors et dit : "Peut-être, mais je suis trop curieuse pour attendre".

La jeune fille s'approcha des trous qui avaient commencé à se creuser et dit : "Bonjour, que cherchez-vous comme ça? Vous voulez de l'aide?"

Cosette fit la moue, tandis qu'elle s'approchait des trous pour parler aux "ouvriers". Peut-être parce qu'elle voulait garder Ondine pour elle, comme une araignée aime à ce que ses proies restent coincés bien sagement dans sa toile en attendant l'heure du déjeuner. Peut-être aussi parce qu'elle voulait vraiment se réserver la surprise. Ondine était-elle vraiment curieuse ? Ou la paroi d'argent, d'or et de diamants l'intéressait-elle ? Etait-ce cupidité ou curiosité ? A vrai dire, sans être cupide, cette paroi particulière avait de quoi rendre curieux. Sur les intentions des gens qui étaient venus pour cet endroit d'ailleurs. Même question: cupidité ou curiosité ?

Mais Cosette n'était pas venu pour ce temple. Elle était venue pour Ondine, encore que le but paraisse encore flou. Un peu par réflexe, elle faisait avec Ondine ce qu'elle savait faire de mieux: charmer, se montrer courtois et finalement chercher à manipuler, à tromper. Le but viendrait après. On ne voyait pas une personne que l'on ne connaîssait pas dans une goutte de sang sans qu'il n'y ait une raison valable. Quelque chose l'avait obligé à aller à sa rencontre.

Quand Ondine posa la question, Kit releva le museau en premier. Il renifla l'air frénétiquement avant de se tourner vers Ondine.

-Des qui-brillent ! Qui-brillent ! Nous chercher, nous creuser, oh oh oui, creuser. Oh, un qui-brillent aussi. Vouloir. Peux donner qui-brillent ? Dit-il en désignant la chaîne au cou d'Ondine.

-Excusez le mademoiselle, mais les Skritts sont des fanatiques, des mordus de tout ce qui brillent. De vrais pies voleuses.

-Kit pas voleur. Skritt peut-être voleur. Kit être skritt mais pas voleur pour autant. Kit demander gentiment. Volera peut-être si dame cheveux rouges dire non. Mais pas voleur. Gentil, gentil Kit.

-Du calme, le rongeur. On cherche un temple, celui de Dun-Mûsul. On sait pas trop pourquoi. Mais la maîtresse l'a ordonné. On sait juste que c'est un temple aux parois d'or et de pierreries. Donc, nous avons dû toucher au but. Prenez une pelle. Si on arrivait ne serait-ce qu'à déterrer l'entrée, on aurait pas besoin de le déterrer complètement ce temple.

Ondine ne comprit pas trop ce qu'ils cherchaient à part quelque chose qui brille selon Kit. Il lui demanda ensuite si elle voulait lui donner son collier, elle allait répondre mais l'un des hommes présent intervient dans la conversation et Kit répondit à sa remarque. Ondine montre un beau sourire et dit : "Ne t'en fais pas Kit, je te crois quand tu dis que tu es gentil. Par contre, je ne peux te donner mon collier car j'y tiens assez et si tu veux prouver à tout le monde que tu es gentil, ça serait bien que tu ne me le vole pas. Ok?"

L'homme lui donne plus de détail sur ce qu'ils recherchaient, un temple apparemment. Lorsqu'il lui demande d'aller chercher une pelle pour les aider, Ondine répond d'un air enthousiasme : "Tout de suite!"

Ondine ramasse une pelle, saute dans le trou et commence à creuser.

Kit hocha énergétiquement la tête, visiblement content qu'on le traite avec gentillesse. Cependant, il fit quand même un peu la moue de ne pas avoir son "qui-brille". Il n'était pas facile pour un Skritt de se retenir devant la tentation des choses qui brillaient. Et une promesse de Skritt à ce sujet ne pesait pas bien lourd. Cependant, il promit quand même, tout en sachant bien qu'il risquait d'y manquer.

-Kit promettre. Kit pas voler qui-brille de fille cheveux rouges. Kit promettre sur tête à Kit. Gentil Kit. Kit creuser maintenant. Oh oh oui, creuser pour qui-brillent. Qui-brillent ! Qui brillent ! QUI-BRILLENT !

-Oh la ferme !

Cosette trouva la réaction d'Ondine tout à fait stupide. Aider ? A creuser sous cette chaleur qui plus est ? Et l'indépendance ? Après, on dirait que les femmes sont à la botte des hommes quand cela devrait être à l'inverse. Et pourquoi pas laver leurs chaussettes sales pendant qu'elle y était ? C'était dégoûtant. Vraiment répugnant. Il y avait vraiment de quoi se demander ce qui les avait réunis.

Et ils creusèrent. Jusqu'à la tombée de la nuit, où Kit trouva enfin ce qui semblait le haut d'une grande porte dorée. Alors, ils décidèrent de faire quelques heures supplémentaires (surtout Kit) et de terminer de déterrer la porte. Quand Kit eut fini, l'accès à une gigantesque porte fut déblayé et Kit put frapper dans ses mains en criant "Qui-brillent"

Cosette s'approcha d'Ondine en faisant face à la porte.

-Impressionnant. Et à présent, ils vous feront faire tout ce qu'ils veulent, jusqu'à la lessive. Au moins, cette découverte sera un peu la vôtre. Mais qui s'en souviendra ? Les femmes et les sous-fifres rentrent rarement dans les livres d'histoire. Enfin... Et à présent ?

-Qui brillent aussi aux oreilles. Plus beaux, plus jolis, plus brillant.

Sans qu'il puisse le voir, l'ombre de Cosette dans son dos lui attrapa la queue pour la lui tirer avant de lui donner une claque dans la nuque.

-Ouch. Ouh, pas bon. Mal. Fantômes. Kit peur.

-Madame, la porte est déblayée. Que faisons-nous ? Demanda Achmed à la femme dans la tente.

-Préparez vos affaires. Je me prépare. Nous entrons dès que nous serons tous prêts.

-Ainsi débute une aventure. Les endroits exigus vous conviennent-ils ? Je crois en avoir déjà assez soupé de l'enfermement. Fit Cosette à Ondine avant de s'éloigner de la porte.

Ondine fut assez rassurée par le fait que Kit promit de ne pas lui voler son bijou, c'était la dernière chose qui lui restait de son passé oublié. Par contre, elle n'aimait pas trop la manière dont l'autre homme traité ce pauvre rat. Ondine creusait durant dès heures et lorsque la nuit commençait à tomber, elle sentit la douleur commencer se faire sentir sur ses bras. A son grand soulagement, ils finissent par déterrer la porte d'un monument. Suite à la remarque de Cosette, Ondine secoue la tête et dit : "Mais non, c'est moi qui me suis proposée pour les aider. Si j'avais voulu, je serais restée assise à ne rien faire mais ça n'aurait pas été intéressant et puis, pour moi, hommes ou femmes, tout d'eux peuvent marqués l'histoire à leur manière".

Alors que tout le monde se préparait à partir explorer le monument à l'exeption de Cosette à cela ne semblait pas trop l'enthousiasmait, Ondine demande : "Est-ce que je peux venir?"

-La marquer sans doute. Mais qui se souvient de nous, les femmes ? Acheva Cosette avant de s'éloigner pour faire un dernier petit tour seule, avant de poursuivre l'aventure.

Ondine demanda si elle pouvait les accompagner. Achmed et son compagnon semblèrent quelque peu gênés, comme s'ils ne savaient quoi répondre. Ils se tournèrent vers la tente en arguant que la décision dépendait avant tout de leur maîtresse. La tente demeura silencieuse un bref instant avant que la voix de la femme ne retentisse une nouvelle fois.

-Venez, à vos risques et périls. Ne nous ralentissez pas.

Ainsi fut décidé. Les hommes retournèrent chercher leurs affaires. Ils déchargèrent complètement le dromadaire et enfilèrent de gros sacs sur leurs dos. Ensuite de quoi, ils prirent leur cimeterre respectif avant d'enrouler des bandelettes de cuir autour de leurs poignets. Kit, lui, s'installa dans un coin et déversa tout un barda de choses brillantes. Des tessons de verre, des perles, de l'or, des pièces, des bouts de fer polis, de l'aluminium, toutes sortes de choses, pas forcément de valeur, mais qui brillaient. Il sembla réfléchir à ce qu'il allait emmener en examinant tour à tour les objets, comme s'il voulait absolument garder auprès de lui ses "qui brillent" et n'arrivait pas à se décider sur lequel.

Tout en faisant cela, il enfila une lampe frontale, s'arma d'une pioche et mit une paire de lunettes de plongée.

-Oh, oh, Kit prêt. Kit juste vouloir tout emmener, mais peut pas. Veut pas laisser sans surveiller. Kit prendre quoi ? Kit hésiter. Creuser ? Non, pas moment.

Cosette n'avait rien préparé. Tout simplement parce qu'elle n'avait rien de particulier sur elle. Cependant elle n'était pas du tout habillé pour l'exploration. Plus pour un bal ou un gala, mais pas pour s'enfoncer dans les ténèbres d'un temple perdu.

Puis, plus tard, on entendit quelqu'un frapper dans ses mains. Cosette comprit qu'il s'agissait de la femme dans la tente quand Achmed s'approcha de l'éléphant et que celui-ci s'agenouilla. Aidé par Achmed, la femme sortit de la tente et descendit. C'était une femme très mince, habillée à la fois de voiles légers et virevoltants et d'une veste et d'un pantalon plus adapté à l'exploration. Elle portait un chapeau duquel pendaient des tissus blancs pour entourer sa tête, cacher son visage. De sous le voile, elle déclara:

-Il est temps d'y aller.

Kit bondit sur ses pattes, entrouvrit la grande porte et pénétra à l'intérieur, le premier. Tout ce que l'on entendit de suite, ce fut un grand couinement suivi d'un "plouf". En pénétrant à l'intérieur prudemment, une torche à la main, Cosette put voir que les premières marches pénétrant dans les profondeurs avaient disparus et que Kit venait de chuter d'une hauteur approximative de cinquante mètres.

-Vous avez compris que l'endroit est dangereux. En avant et faites attention.

Avec l'aide des hommes, la femme et Cosette purent passer par dessus le trou dans l'escalier. Ca commençait bien, déjà une perte.

-J'ose espérer que vous savez vous défendre, toutes les deux.

-Espérons-le, en effet. Ondine, vous avez parlé de la destruction de votre monde. Comment a t-il été détruit ? Quel était-il ?

-Qu'est ce que vous faites ?

-Ce voyage promet d'être long, je discute pour passer le temps.

-Ne pourriez vous pas être plus discrète ? Qui sait ce qui nous attend ?

-Les ampoules au pied.

Suite à la remarque de Cosette, Ondin réplique : "Beaucoup de monde, j'en suis persuadée".

La chef du groupe accepta qu'Ondine les accompagne dans leur exploration en précisant bien qu'elle ne devait pas les ralentir. Ondine hoche la tête et dit : "Je ne vous ralentirais pas, ne vous ne faites pas".

Kit semblait enthousiaste mais en même temps hésitant de laisser ses affaires sans surveillance. Lorsque tout le monde fut prêt à partir à partir, ils commencèrent leur exploration à l'intérieur du monument dorée, ce fut même Kit qui entra en premier. Seulement, le pauvre était tombé dans un trou qui s'est sous la première marche d'un escalier alors qu'il avait posé ses pattes arrière dessus. Cela fit un peu de peine à Ondine de voir le pauvre Kit finir ainsi car elle le trouvait plutôt gentil et sympathique et l'aimait bien. Le coeur lourd, elle suivit le groupe à travers les escaliers. Lorsque la femme dit qu'elle espérait que elle et Cosette savaient se défendre, Ondine dit : "Perso, je sais me battre, donc me défendre".

Cosette posa ensuite des questions à Ondine à propos du monde détruit où elle a grandit.

"Et bien, une sorcière du nom de Maléfique est venue et a amené les ténèbres dans monde qui l'a tout détruit. Ce monde s'appelait l'Île des Dauphins. Par contre, ce n'est pas vraiment mon monde, c'est là où j'ai passé une très grande partie de mon enfance et où j'ai grandit. Je ne me souviens pas d'où je viens exactement".

Puis, la femme leur demande ce qu'elles faisaient et Cosette lui répond qu'elles discutaient pour passer le temps et la femme leur demande d'être plus discrètes car elles ne savaient pas ce qui les attend. Ondine montre un air perplexe et demande : "Qu'est- ce que la discrétion a avoir avec ce qui nous attend?"

La petite expédition s'engouffrait davantage dans les profondeurs du temple. Ondine raconta la destruction de son monde tout en précisant qu'il ne s'agissait que de son monde "adoptif", que son monde d'origine était autre et qu'elle ne se souvenait pas duquel il pouvait s'agir.

-Un monde également détruit peut-être. Mon monde, il est encore debout, mais c'est comme s'il n'existait plus pour moi. Je n'y ai plus vraiment remis les pieds. Je refuse même d'u retourner pour l'instant. Qu'il brûle, j'en veux un autre.

Dans l'obscurité simplement percée par les torches des marcheurs, l'ombre de la femme transparaissait sous ses voiles lorsqu'elle répondit à son tour. Le timbre de sa voix laissait entendre qu'elle était excédée, un peu inquiète.

-Justement. Nous ignorons ce qui nous attend. Les profondeurs abritent des créatures étranges.

Ils s'arrêtèrent en bas de l'escalier sur un banc de terre qui ne semblait mener nulle part. Tout autour, en bas de cet escalier, ce n'était qu'un lac souterrain qui se perdait dans le noir. Il faisait si noir qu'il était difficile de savoir s'il y avait autre chose plus loin que le peu qu'on voyait du lac. Soudain, un clapotis sinistre se fit entendre. Quelque chose dans l'eau s'approchait. Ils remarquèrent rapidement quelque chose à la surface de l'eau: quelque chose se déplaçait sous l'eau. Et ça se rapprochait. De plus en plus.

Ils tirèrent leur épée, prêt à frapper si la chose des profondeurs osait les attaquer. Cosette haussa un sourcil dubitatif. Et soudain...

Un pas après l'autre, s'extrayant de l'eau, sortit le petit Kit, mouillé de partout et dans les bras, un gros tas de pièce d'or.

-Beaucoup, beaucoup qui-brillent. Kit chance. Kit trouver plein. Kit content.

-Il doit y avoir un dieu pour les imprudents et les abrutis.

La femme soupira.

-Kit, va voir s'il y a un moyen de traverser.

-Kit pas laisser qui-brillent ici tout seuls, et si Kit prendre avec lui, lui couler. Kit doit vraiment ?

Nous avions donc un problème: un rongeur qui souhaitait garder ses petites babioles mais qui en même temps devait aider le petit groupe à avancer plus loin. Le petit rongeur n'arrivant pas à se décider, Ondine prit les devants et marcha sur l'eau sous les yeux hagards des deux hommes de main. La dame, on ne savait pas avec son chapeau. Cosette, quant à elle, semblait blasée, cherchant encore toute la raison de tout ceci. Elle cherchait sa vengeance bon sang, pas à suivre un groupe d'ahuris dans des ruines obscurs à chercher dieu savait quoi.

Kit, une fois qu'il daigna lever les yeux de son trésor, sautilla en criant:

-Kit faire aussi. Kit marcher sur l'eau. Kit montrer. Il sauta dans l'eau et bien sûr, l'effet ne fut pas le même, il ne fit que plonger et se mouiller. -Ouh, pas juste. Kit mouillé. Eau froide et mouiller pauvre Kit.

-Peu importe, toi et la demoiselle, vous allez chercher un moyen de traverser.

-Kit cacher qui-brillent sous robe et Kit aller. Il cacha ses pièces d'or sous l'ample robe de Cosette qui ne s'en offusqua pas. Pour une fille, même du monde, qui n'hésitait pas à relever sa robe et à se montrer indécente, c'était bien normal de ne pas s'offusquer d'un rat qui venait farfouiller dans sa robe. Toutefois, elle montra un certain agacement.

Kit finit tout de même par cacher toutes les pièces et replongea dans l'eau en éclaboussant allègrement autour de lui. Il se mit à nager loin devant lui.

-Kit bien nager, lui comme poisson dans l'eau. Mais Kit tout mouillé. Ah ! Là, pont. Mais pont être tout levé. Chercher mécanisme. Creuser ?

Kit semblait presque déçu de ne pas avoir à creuser. A croire que c'était toute sa vie... Avec les qui-brillent. Il resta à la surface à regarder sous l'eau Ondine s'approcher du levier. Il releva la tête pour apercevoir le pont s'abaisser. A vrai dire c'était plus un pont flottant, une grande et épaisse planche entre deux rives qu'un véritable pont. La traversée ne serait donc pas aisée surtout pour Cosette et sa robe ample.

-Plonger comme creuser. Juste que plonger être creuser eau. Oui, oui. Moins rigolo, plus mouillé. Fit remarquer Kit en montant sur la rive nouvellement accessible en s'agitant pour se sécher.

Le reste de l'expédition tenta donc la traversée du pont. Un par un, car l'instabilité du pont sur l'eau ne rendait cela aucunement facile. La femme passa en premier. Elle n'eut pas particulièrement de mal à le faire, comme si elle n'avait pesé qu'une peccadille et n'avait été qu'une légère brise sur la surface de l'eau. Les hommes, en revanche, bien plus balourds, s'enfoncèrent avec le pont, et ce fut un miracle et un vrai exercice pour eux de réussir à arriver de l'autre côté.

Cosette fut la dernière. Elle s'avança sur le pont avec beaucoup de difficulté. Elle jetait de temps à autre un regard un peu inquiet sur l'eau. C'est ainsi qu'elle se rendit compte d'une chose: l'eau renvoyait le reflet des parois du temple, de la lumière de sa torche... Mais pas son propre reflet. Saisie, elle manqua de perdre pied. Ce fut peu de temps avant d'atteindre l'autre rive sur laquelle elle trébucha et s'allongea.

Une fois le pont passé, ils franchirent une porte de bronze derrière lequel se profilait un long couloir parsemé de gravures. La femme s'approcha de celles-ci et passa le doigt dessus.

-Fascinant. Ah... Et vous me demandiez pourquoi garder le silence ? Elle désigna une gravure assez basse qui représentait un monstre à six têtes toutes munis de dents acérées. -Si je traduis ce texte en contrebas "Des profondeurs remonte toujours Scylla dévorant ceux qui descendent les marches" Estimons heureux que la bête n'ait pas faim.

-Ou qu'elle soit morte depuis tout ce temps. Ou qu'elle n'ait jamais existé ? Répondit Cosette narquoise.

-J'ai besoin d'examiner ces gravures. Nous continuerons ensuite.

Cosette soupira d'exaspération et alla s'asseoir dans un coin. Pas de reflet ? Etait-ce simplement une illusion d'optique ? Ou n'avait-elle réellement plus de reflet ? Elle n'avait jamais regardé dans un miroir depuis, alors... Bah, un reflet ce n'est pas bien important. Curieux d'avoir une ombre et pas de reflet même si ce n'était pas la même chose bien sûr.

-Kit pas aimer dessins. Eux pas qui-brillent.

-Au moins on ne risque pas de manquer de lecture, si tant est qu'on comprend ce charabia. Vous y comprenez quelque chose Ondine ? Même mon éducation de bonne famille ne m'aura appris un tel dialecte. En fait, je commence à regretter d'être venue. Et vous ? Comment pouvez-vous prêter votre bras ainsi sans réfléchir à ce qui nous attend et, sans savoir pourquoi tout ceci ? Ne regrettez-vous pas déjà ?

Lorsque le pont s'abaissa, Ondine remonte à la surface avant de nager jusqu'à la rive pour attendre le reste du groupe qui ne tarda pas à les rejoindre. Après s'être passablement séché les cheveux, elle suivit les explorateurs le long d'un couloir. Au bout d'un moment, la chef d'un groupe décide de s'arrêter un moment afin d'examiner les gravures qui longeaient le mûrs. Apparemment, Kit n'aimait pas ces gravures à cause du fait qu'ils ne brillent pas. Quand, Cosette demande à Ondine si elle comprenait ce que disait ces écritures, la rouquine, secoue la tête et dit : "Non, je n'y comprends rien du tout.".

Cosette lui posa d'autres questions sur le fait qu'elle aide les autre sans réfléchir. Ondine met ses mains, derrière la tête et dit : "Je ne regrette rien du tout, j'aime aider les gens donc c'est ce que je fais".

Cosette essayait vraiment de comprendre Ondine. Autant dans une volonté de pouvoir ainsi mieux la manipuler en la cernant mieux, que par curiosité devant un personnage aussi... Comment dire ? Les anglais disent "Childish", un mot qui veut dire puéril. Mais elle préférait "childish", ça gardait l'idée d'enfant. Ondine avait ce côté enfantin, optimiste et "facile". Elle semblait une fille pour qui tout était facile, il suffisait de sourire, une optimiste quoi. Et qu'une personne aussi puérile lui échappe pourtant à ce point, c'était bizarre. Comment pouvait-elle être à la fois aussi simple et aussi compliqué à saisir ? Peut-être parce qu'elle connaissait quand même des choses comme le bien et le mal, qu'elle n'était pas tout à fait innocente et aveugle. Oh sûrement pour certaines choses, sinon comment pourrait-elle à ce point fermer les yeux sur les bizarreries de Cosette.

Mais Cosette croyait avoir déjà connu des gens optimistes, et ils étaient facilement manipulables. Là, c'était comme voir un défi intéressant, une optimiste, mais plus complexe et impossible, soi-disant à manipuler, à corrompre. Un défi des plus intéressant, comme une énigme réputée insoluble.

En parlant d'énigme insoluble, la femme voilée semblait avoir trouvé ce qu'elle voulait, car elle cessa de regarder les gravures en disant "Bien, intéressant, très intéressant." Quoiqu'elle ait vu sur la gravure, elle était à présent prête à reprendre la route afin de, sûrement, mettre en pratique ce qu'elle avait lu.

Cosette se releva, laissant ses réflexions sur l'énigme "Ondine" et celle concernant son reflet inexistant. Et la petite expédition repartit de plus belle. Au bout du couloir, il y avait une nouvelle porte donnant sur un escalier ascendant cette fois-ci et qui montait avant de tourner et de monter à nouveau et ainsi plusieurs fois. Cosette comprit que ce temple n'avait été construit que dans un seul but quand ils arrivèrent dans la dernière et finalement quasi unique pièce du temple, au sommet de celui-ci.

Dans une pièce rempli de colonnes, il y avait un chemin de dalles encadrées par des eaux profondes qui menait à un autel haut placé sur lequel trônait une fontaine assez petite, qui crachait un fin trait d'eau qui s'élevait à peine avant de retomber gracieusement tout autour, dans les points d'eau qui débordaient et alimentaient à leur tour, l'eau en contrebas, celle encadrant le petit chemin menant à l'autel.

-Enfin... Après tant d'années... Nous l'avons enfin trouvé... Juste à temps...

La femme s'avança à pas lents sur le chemin.

-Ouhlà, attention. Chuchota Cosette comme si elle ne voulait pas prévenir la femme mais juste annoncer pour elle-même ou les personnes les plus proches qu'un danger approchait.

A peine avait-elle fait quelques pas que six têtes de femme affreuses juchées sur de longs cous écailleux sortirent de l'eau en se léchant les babines. Le choc fut tel que ce chemin, se fissura, trembla à en faire trébucher la femme qui en perdit son voile.

-Beurk. Chuchota à nouveau Cosette à la vue de la femme.

Les têtes du monstre n'étaient pas déjà jolies à voir, mais celle de la femme, ce n'était pas joli à voir. SOn visage était ravagé par une maladie mortelle qui avait transformé son visage en quelque chose d'indescriptible. Elle était verte, recouverte de pustules dégoulinant de pus. Elle était tout bonnement affreuse. En attendant, cela ne sembla pas couper l'appétit du monstre.

Au bout de plusieurs minutes, le petit groupe put reprendre leur avancée vers les escaliers dont les marches étaient plus nombreuse que celles de la tour de Yen Sid, ce qui fait qu'Ondine commençait à avoir mal à sesjambes et fut soulagée lorsqu'iulils arrivèrent à destination. La femme commençait à avancer vers le chemin qui longeait un autre lac d'eau quand six têtes de femmes avec un long cou écailleux sortire de l'eau fissurant le chemin. La femme tomba, son voile au sii, laissant découvrir son visage qui était très loin d'être une beautée mais la rouquine se fichait de ça. Elle était en danger, elle devait lui venir en aide. Ondine fit alors apparaître sa keyblade et se mit devant la femme en disant : "Fuyez! Je les retiendrais".

La créature, nommée Scylla, avait probablement très faim. Aussi son regard se tourna sur la personne la plus proche et la plus dodue (car la femme au voile était vraiment, vraiment maigrichonne). Ses six têtes s'éclairèrent d'un sourire malicieux, tandis que certaines se léchèrent encore les babines.

Les hommes étaient sidérés, visiblement autant par le monstre que par l'allure de leur maîtresse, car ils jetaient des regards à l'un comme à l'autre, tour à tour. Quant à Kit, il était recroquevillé sur lui-même, tremblant de la tête au pied, incapable de bouger, les mains sur la tête en attendant que ça se tasse.

Cosette, elle, hésitait encore à se lancer dans la bataille. Toutefois, elle ne laissait transparaître aucune frayeur, tout au plus, semblait-elle toujours aussi blasée. Elle s'intéressait surtout à l'arme de la jeune fille tout en savourant le début d'un spectacle prometteur. De toute façon, dans une salle aussi mal éclairée, aussi sombre, ses pouvoirs, son peu de pouvoir, étaient limités. Alors à quoi bon se salir les mains ?

Le monstre observa longuement de ses six têtes Ondine avant de jeter l'une d'elle sur elle, tous crocs dehors. Et ensuite, un fin tentacule rampa discrètement le long du chemin pour tenter de saisir la cheville de la jeune fille, afin de l'attirer dans l'eau d'un coup sec.

Le monstre rugit à plusieurs reprises, tête par tête, dès qu'on lui frappa la tête, comme dès qu'on lui trancha le tentacule. Il avait approché sa tête d'Ondine, bien heureux d'avoir réussi à piéger la demoiselle sous l'eau, prêt à la dévorer comme une mouchette prise à une toile d'araignée, mais quand son tentacule fut coupé, il hurla en sortant ses têtes de l'eau. Visiblement, ça faisait mal. Une par une, il plongea ses têtes dans l'eau à nouveau pour chercher Ondine, savoir où attaquer. Finalement, sa tactique se retournait un peu contre lui, puisqu'il ne voyait plus bien où elle se trouvait.

-A... A l'attaque ! Bégaya la femme, consciente que la créature était distraite et facilement attaquable.

Les hommes s'avancèrent en tirant leur cimeterre, prêt à découper les cous, des arcs de cercle sur la surface de l'eau, les têtes étant plongés dessous. Mais la bête n'était pas stupide, ni sourde. Les pas pesants des hommes l'attirèrent et deux de ses têtes remontèrent à la surface tandis que les autres fouillaient le fond de l'eau. Les deux têtes firent face aux hommes tremblants. Une troisième se leva à son tour et observa les autres protagonistes restés en retrait. Comme elle ne trouvait pas Ondine, tout le corps bougea pour s'approcher du trio. Deux restèrent sur les hommes et le reste avança ses crocs sur Kit et la femme... Mais étrangement, pas sur Cosette.

Kit n'eut pas le temps de se retourner qu'il se sentit hissé dans les cieux, tenu par la queue entre les crocs d'une des têtes.

-Sauver Kit !

La femme attrapa un pistolet et tira sur le monstre dont l'une des têtes se pencha vers l'arrière et retomba mollement dans l'eau, avant de se relever, visiblement un peu sonnée, mais toujours active. Les deux hommes, après bien des efforts, parvinrent à couper les deux têtes qui leur faisaient face.

Deux têtes en moins, cela ne changeait pas grand chose à l'affaire. La créature demeurait dangereuse et affamée, et dangereusement affamée. Elle continuait d'essayer de se saisir des hommes et de la femme, mais toujours et encore, elle ne semblait pas s'intéresser à Cosette, qui restait immobile à observer. Quand elle reçut un puissant jet d'eau dans les entrailles, le pauvre Kit fut sauvé à temps, ou plutôt, la créature le lâcha et le laissa tomber dans l'eau.

-Kit encore mouillé ! Mais Kit sauvé !

La créature avait à présent un trou béant dans ses entrailles, un trou noir et vide, comme si la créature n'avait justement pas d'entrailles, n'était qu'une vieille baudruche rempli d'air. La créature vacilla, grogna avant de plonger et de s'enfoncer dans les profondeurs, pour y disparaître. Morte ? Blessée ? Enfuie ? Allez savoir. Toujours était-il que la bête avait quitté le combat, et que le danger semblait écarté.

Chacun put reprendre son souffle. La femme fut la première à prendre la parole:

-Vous ne saviez pas combattre ou quoi ? Comment... Pourquoi... Vous... Oh, laissez tomber. Rugit-il à l'attention de Cosette qui restait impassible. De telle façon d'ailleurs, que la femme en perdait ses mots, décontenancé d'un tel flegme. Elle préféra reprendre rapidement sa route vers l'autel au bout de ce chemin de pierre.

Elle gravit les marches qui la séparait de la fontaine. Mais soudain, elle s'arrêta, prise d'un violent mal de coeur.

-Argh, non pas maintenant, pas alors que je suis si proche. Pas après toutes ces épreuves, mourir là ce serait trop bête. Pas aussi proche de mon salut.

Mais elle s'affaissa sur les marches. Elle tâcha de se hisser sur les marches à la force de ses bras. Elle était terriblement malade, ce qui avait ravagé son visage, et cette fontaine était son dernier espoir de guérison. Elle s'était caché le visage, honteuse de l'affreusité de celui-ci et avait cherché tout ce temps un moyen de se guérir. Et aujourd'hui, l'ironie faisait qu'elle n'avait plus la force de s'approcher de la dernière chance qu'elle avait de survivre.

-Kit aider. Maîtresse pas mourir, maîtresse. Kit tirer maîtresse, même si être dernière chose que Kit faire. Dit le skritt avant de courir vers la femme et de la tirer du bras vers la fontaine. Mais il n'arrivait même pas à la faire bouger d'un centimètre.

Ondine regarda le monstre, mort, le corps transpercé, sombrer sous l'eau. La rouquine regarde ensuite au-dessus d'elle et remonta à la surface à la nage. Ensuite, elle remonte sur le chemin où elle vit la femme s'approcher avant de vaciller, semblant se sentir mal. Ondine accoura vers elle avant de s'arrêter et de dire : "Vous allez bien".

Apparemment, d'après ce qu'elle comprit, cette femme était gravement malade et cette fontaine serait son seul espoir pour la sauver. Kit voulut aider sa maîtresse en l'amenant à la fontaine mais n'y parvint pas. D'un air compatissant, Ondine dit : "Laisses Kit, je vais vous aider".

Ondine tend ses bras devant elle, ferme les yeux, puis l'eau de la fontaine se mit à couler en l'air, tel un cours d'eau flottant et il s'arrêta devant la femme.

Comme on dit: si ce n'est pas vous qui allez à la fontaine, la fontaine viendra à vous. La femme put, faiblement, tendre les mains tremblantes et prélever de l'eau entre ses paumes et plonger le visage dedans. Elle but goulûment le breuvage et finalement s'affaissa une dernière fois, visage contre les marches, le souffle coupé. Kit regarda la dame, se demandant si elle n'était pas morte. C'était la première impression que cela donnait. Son corps inanimé gisait sur les marches. Ce ne fut qu'un peu plus tard que son souffle reprit, que son buste recommença à aller et venir, et qu'elle se mit sur le dos.

Son visage était devenu rose chair, d'un teint pâle mais respirant la santé. Elle semblait aller mieux. Kit improvisa quelques pas de danse qui le firent dévaler les escaliers en se prenant les pieds. La femme put s'asseoir sur les marches, visiblement soulagée. Elle était sauvée. Et elle le devait à Ondine. Elle ne l'oublierait jamais, même si les mots lui manquaient à l'instant présent.

Mais malheureusement, les deux acolytes, les deux hommes de main, se regardèrent un sourire mauvais aux lèvres et sortirent chacun un pistolet qu'ils pointèrent devant eux.

-Parfait. A présent que les vertus miraculeuses de la fontaine sont avérées, nous allons vous la prendre si ça ne vous fait rien et la vendre. Ca doit rapporter un paquet de thune.

-Vous pas droit. Vous faire quoi ? Vous pas bien ?

-La ferme, le rongeur. Estimez-vous heureux qu'on ait permis à la dame de s'en servir avant. On n'est pas des monstres. On veut juste s'assurer qu'on sera les seules à pouvoir en profiter à partir de maintenant et que vous ne sortirez jamais, histoire d'être bien sûr que le secret soit gardé.

Achmed enclencha le chien de son pistolet, visant devant lui, quand soudain, il sentit que quelque chose clochait. D'un coup sec, quelque chose, une forme noire surgit de leur ventre et les transperça. Quand la forme noire se dégagea, ils tombèrent, morts. Derrière eux se trouvait Cosette derrière laquelle la forme noire, son ombre, se rapetissait pour reprendre la forme normale de son ombre.

-J'ai horreur des pions qui ne suivent pas les règles du jeu.

Cosette s'avança lentement sur le chemin. Quelque chose dans son regard semblait la rendre... inhumaine. Et il y avait aussi ce rictus bizarre. Kit en tremblait de peur quand soudain, plus elle avançait et plus le décor derrière disparaissait, plongé dans le noir, puis, ça la dépassait, le décor disparaissait de plus en plus vite, remplacé par le noir. Les deux hommes disparurent dans une volée de cubes qui se détachaient les uns des autres avant de disparaître. Il en fut de même pour la femme qui disparut à son tour en petits cubes, puis ce fut le tour de Kit et de la fontaine.

-J'en ai assez vu... J'en sais assez, sur toi... Et c'était très enrichissant... Néanmoins, tu demeures une... Enigme pour moi.

Lorsqu'Ondine vit la femme aller mieux après avoir bu l'eau de la fontaine, elle montre un beau sourire et remet l'eau à sa place. Seulement, voilà que les deux hommes les trahit, braquant des pistolet sur eux. Ondine les regarde d'un air sévère et dit : "Vous n'êtes que des monstres! Vous avez profité du désespoir d'une femme gravement malade pour votre propre satisfaction!"

Soudain, une forme noir transperça les deux hommes et les tua. Il s'agissait de l'ombre de Cosette qui retourne ensuite à sa place. L'expression du visage de la fillette ne plu pas du tout à Ondine. Ce qui lui plaisait encore moins, c'est de voire tout disparaître dans le noir autour d'elle. La rouquine regarda alors autour d'elle d'un air paniqué. Suite aux dires de Cosette, Ondine dit : "Que veux-tu dire? Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui t'arrive?"

Cosette observa tranquillement son interlocutrice avec ce sourire gênant. Elle s'arrêta de s'avancer vers elle jusqu'à ce qu'elle lui adresse la parole. Ses paroles emplies de peur lui arrachèrent un sourire plus grand encore. Elle savait qu'elle allait enfin pouvoir se dévoiler et arracher la vérité du coeur d'Ondine. Elle savait qu'elle avait joué un tour qui avait marché et avait donc de quoi être fière d'elle-même.

-Tu ne comprends donc pas ? Tout ceci n'était qu'illusions. Mon sang m'a parlé de toi, m'a fait voir ton visage et j'ai compris que nous étions destinés à nous rencontrer. Tout ça n'a été qu'une histoire que j'ai échafaudé pour te comprendre, voir comment tu réagirais à la peur, à la trahison, l'injustice, la bêtise et au danger. Malgré cela, tu m'échappes encore... Alors à présent que je t'ai fait vivre ce que je voulais, montre-moi tes pires souvenirs, montre-moi tes douleurs, montre-moi ton côté sombre.

Cosette disparut à son tour, et ne fut plus qu'une voix dans l'obscurité. Elle espérait bien pouvoir s'inflitrer dans le coeur d'Ondine, voir les choses par ses yeux, voir tout ce qu'elle pouvait encore cacher, la connaître jusqu'au moindre cheveu. Mais il n'était pas aussi simple de pénétrer en elle. Cosette aurait d'abord besoin d'un peu plus de temps et d'une distraction, un moyen de distraire l'attention d'Ondine.

-Tu refuses ? Alors je te montrerais ma vie, mes souvenirs. Tu connaîtras l'injustice , le désespoir, la mort... Comment aurais-tu agi à ma place... Si tu avais été moi ?

Le noir s'effaça peu à peu pour découvrir un manoir, l'intérieur, des murs richement décorés, un couloir parsemé de tableaux, tous représentant Cosette, comme une idole, et de bustes et de plantes.

-Tu vois cette maison ? Tu n'y verras que l'opulence. Mais c'est une prison de cristal. Un écrin où cacher une perle. Et si un jour, tu t'en rendais compte ? Si un jour, tu comprenais ce que tu es pour ceux que tu aimes ?

Si Ondine jetait un oeil aux multiples miroirs qui peuplaient le couloir, elle verrait qu'elle revêtait l'apparence de Cosette. Entra soudain un homme, un couteau à la main.

-Et si ce jour-là, ton propre fiancé venait te tuer ? Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! C'est drôle non ? Lui qui disait qu'il t'aimait. Non. Lui qui le dit encore quand il te frappe !

-Je t'aime Cosette ! Sussurra l'homme en saisissant Ondine à l'épaule, la plaquant au mur et prêt à enfoncer sa lame dans le coeur de la fille.

-Tu ressens comme j'ai eu peur ? Tu ressens comme ça m'a fait mal ? Toi. Qu'aurais-tu vécu ?

Ondine avait vraiment du mal à en croire ses oreilles, tout ce qu'elle avait vécu n'était donc qu'une illusion? Elle était encore plus surprise qu'en réalité, toute cette mascarade était dans le but de la comprendre à sa façon d'agir face aux situations. Elle lui demande ensuite de montrer son coté sombre, ses douleurs et c'est pire souvenirs. Ondine secoue vivement la tête et dit : "Quoi?!"

Cosette disparaît avant de dire quelque chose. Ondine se retrouva alors dans un grand manoir avec plein de portraits de Cosette partout. Cosette se mit ensuite à poser des tas de questions. Ondine se regarda dans une glace et vit avec horreur qu'elle avait l'apparence de Cosette. Ondine recula alors et vit un homme armé couteau s'approcher d'elle en lui disant qu'elle l'aimait, la prenant pour Cosette. la jeune n'eut le temps de rien faire qu'elle fut plaquée violemment contre le mûr. Quand elle vit l'homme vouloirs la poignarder, Ondine stappoa son geste en lui attrappa son poigné.

"Arrêtez!"

Ondine repoussa l'homme.

L'homme ne semblait pas prendre garde aux supplications d'Ondine. Il avait un sourire malade, le teint fiévreux et semblait déterminé à accomplir sa quête. Tuer la jeune fille pour préserver sa beauté, que personne d'autre ne puisse la voir et l'avoir, c'était son but en tuant Cosette. Repoussé, il ne put que vouloir revenir à la charge.

-Arrêtez ? Je crois avoir dit cela moi aussi... Peut-être juste un petit "pourquoi" en plus. Parce que je ne comprenais pas. C'est aussi douloureux pour moi que pour toi de revoir ce jour. Alors laisse moi regarder ton coeur, laisse-moi te voir de l'intérieur, te contempler. Je t'aime !

-Je t'aime tant Cosette ! Hurla t-il en même temps que Cosette en tentant à nouveau de poignarder Ondine.

Le noir retomba, le décor s'effaça à nouveau. Cosette, elle aussi, était de retour, les sourcils froncés. Elle voulait quelque chose, elle voulait obtenir ce qu'elle voulait et elle n'en démordrait pas. Pour elle, le sang lui avait montré un lien entre elles, et elle voulait découvrir, aller toujours plus loin, comme une gamine gourmande de jeux.

-Montre-moi tout ! Jusqu'au monde où tu es né ! Je t'ai montré ma détresse, ce ne serait pas juste que tu ne fasses pas de même avec moi. Je veux partager cela, le vivre... M'unir à toi un court instant.

Cosette baissa la tête de dépit. Elle aurait dû s'attendre à de la résistance. Mais elle savait aussi ce qu'elle voulait. Et tant qu'elle gardait le contrôle de ses illusions, alors elle n'aurait rien à craindre même des grands airs d'Ondine. Elle montra un air triste, déçu. Sans doute aurait-elle espéré plus, toujours plus. Elle était devenue raide dingue de cette fille qui s'imposait, savait ce qu'elle voulait. Peut-être était-elle aussi jalouse de sa liberté, de son entrain et de sa vie. Elle avait même des amis, ce que Cosette n'avait pas, n'avait jamais eu. Sentiment difficile à imaginer.

-Oh, alors c'est "vous" à présent ? Je suis ravie que tu me prennes enfin au sérieux.Tu es si injuste... Moi je me suis ouvert à toi. Est-ce un mal de vouloir connaître ceux qu'on aime ? Je t'ai dans le sang, je t'y ai vu, c'est un signe.

Elle avait dans les yeux cette même fièvre, cette même folie qu'avait eu son fiancé il y avait 250 ans, quand il l'avait tué. Ce mélange d'amour fanatique, de désir et de jalousie. Elle aussi goûtait à cet amour exagéré sans même se rendre compte qu'elle en devenait aussi, voir plus terrible que son fiancé à l'époque.

-Te laisser partir ? Pourquoi ? On est bien tous les deux non ? Coupées du reste du monde, libre de tout, loin de toute cette corruption... Ce que tu m'as fait ? Tu m'as frappé en plein coeur, tu es entré dans ma vie et tu m'as dévié du droit chemin. Alors pour la dernière fois, montre-moi tes souvenirs !

Elle posa sa main sur la poitrine d'Ondine, au niveau de son coeur, comme si elle voulait ouvrir une porte de coffre-fort.

-Je te jure. Ca ne fera pas mal. Je n'oserais pas. Susura t-elle en déposant un baiser sur sa joue.

Quand Cosette dit à Ondine qu'elle la trouve injuste, qu'elle lui a ouvert son coeur, lui demande si c'est mal de vouloir connaître quelqu'un ceux qu'on aime et dit qu'elle l'a dans le sang car elle l'y a vu et que c'est un signe. La rouquine secoue la tête et dit : "Je ne sais pas pourquoi tu m'as vu dans ton sang, mais nous ne sommes pas liés et on ne traite pas les gens qu'on aime comme ça, sinon, ce n'est qu'on ne les aime pas réellement".

Lorsqu'elle lui demande la raison pour laquelle elle veut partir parce qu'elle trouve qu'elles sont bien juste toute les deux, Ondine dit : "Pas moi".

Cosette ensuite lui a dit qu'elle l'a frappé en plein coeur, qu'elle est entrée dans sa vie et la dévié du droit chemin. Quand cosette s'approcha d'elle avant de l'embrasser sur la joue en lui jurant qu'elle n'aurait pas mal. Ondine la poussa et dit : "Ne m'approches pas!"

Ondine s'illumina alors d'une vive lumière aveuglante.

Cosette allait de déception en déception. Ondine ne semblait pas coopérative, et l'énergie qu'elle tentait de transmettre par sa main à son coeur, pour l'ouvrir et contempler son âme, ne semblait pas avoir d'effet sur ce coeur, semblait-il aussi fermé qu'un coffre-fort. On ne traite pas les gens comme ça sinon on ne les aime pas vraiment ? C'est ce qu'elle disait ? Alors pourquoi cet amour même l'avait détruit, avait brûlé le coeur de son fiancé et causé la perte de Cosette ?

Soudain, elle repoussa les avances de Cosette, littéralement, et une lumière émana de la jeune fille. Cosette, bien que luttant pour ne pas plisser les yeux et grimacer, sourit. La lumière ferait grandir son ombre qui pourrait maîtriser Ondine.

Seulement, trop de lumière finit par faire s'évanouir et écraser toute forme d'ombre. A force d'envahir tout l'espace, l'ombre de Cosette qui avait pourtant énormément grandi au début de cette lumière, vint à s'effacer peu à peu. Cosette en fut étonnée, surprise... Consternée. Et même son beau noir disparaissait à son tour. Elle plissa les yeux en mettant ses mains devant elle et en grimaçant de douleur, elle hurla d'un cri aigu, perçant qui déchira le silence.

Cosette tomba les genoux à terre. Et elle pleura, peut-être parce qu'elle avait mal sur toute sa peau qui lui brûlait.

-Arrête ! Arrête ! Pourquoi ? Elle fit les gros yeux parce que ces mots lui semblaient, non, c'étaient ceux qu'elle avait hurlé à son fiancé 250 ans plus tôt.

La lumière de Ondine sembla innonder les ténèbres qui l'entourait. il n'y avait plus qu'une vive lumière blanche qui entourait ce vide noir et sombre. Cela ne semblait pas trop plaire à Csette qui lâcha un horrible cri. Lorsqu'elle lui demande d'arrêter et lui demande pourquoi, Ondine réplique alors : "Tu voulais savoir ce que renfermait mon coeur, alors voilà. Je suis une élue de la keyblade ainsi que la huitième princesse de coeur. Par conséquence, il n'y a pas de part sombre dans mon coeur comme tu voulais le voir, mon coeur n'est fait que de lumière, une lumière pure".

Cosette avait mal à la tête et aux yeux, pour ces derniers c'était autant à cause de la lumière que de trop pleurer. Mais elle refusait de lâcher prise, elle continuerait à tenir tant que cette lumière ne baisserait pas, même si sa peau brûlait aussi bien que sous un soleil de plomb. Sa peau était déjà bien pâle, mais la lumière n'arrangeait rien.

-Je me fiche de ça. C'est impossible que tu n'ais pas la moindre part sombre. Tu as forcément des souvenirs qui te tâchent, des souvenirs affreux, sombres. Je veux les voir ! Je t'ai montré les miens, égoïste !

Cosette essaya d'avancer, mais c'était comme si elle luttait contre une tempête. Elle faisait un pas mais son pied glissait contre la surface blanche, et elle reculait davantage. En désespoir de cause, elle tendit la main en l'agitant lentement devant elle, essayant d'agripper ce qu'elle pouvait. Mais rien n'y faisait, alors elle retomba encore sur les genoux. Bientôt, elle ne vit plus qu'une toile blanche, immaculée, ne voyait même plus Ondine.

Suite aux dires de Cosette et en la voyant essayer de s'approcher d'elle bien qu'elle n'y arriva pas à cause de la vive lumière qui envahissait tout, Ondine secoue la tête et dit : "Tu ne penses donc qu'à ça? Tu penses que tout le monde est malheureux, n'a vécu que des horreurs? Tu te trompes. Le seul souvenir affreux que j'ai, je te l'ai dit, c'est le jour où le monde où j'ai grandit a été détruit par les ténèbres. Avant cela, j'ai toujours été heureuse avec mes amis. Quand on jouait sur la plage, qu'on faisait des parties de golf et quand on regardait le couché de soleil sur la plage; Tu dis qu'on est lié mais je crois qu'au contraire, nous sommes opposées".

-Alors montre-moi ce jour où ton monde a été détruit. Montre-moi ce que tu as ressenti ce jour-là ! Nous sommes liées, nos différences n'ont rien à voir. Au contraire, ne dit-on pas les opposés s'attirent ? C'est plus qu'une simple question de ressemblance. Mon ombre complète ta lumière. Nos destins sont liés, mon sang ne peut mentir.

Cosette dut lutter pour dire ça. C'était devenu très difficile, et il lui fallut beaucoup de temps pour formuler ça. Du temps et de l'énergie. Si bien que quand elle eut fini, elle termina sa chute au sol, elle s'allongea. Mais, têtue, résistante, elle continuait à tendre la main devant elle, faiblement. Elle ne voyait même plus où était Ondine. Elle se rendit bien vite compte pourquoi:

-Rah ! Aveugle ! Je suis aveugle, mes yeux brûlent ! Pitié !

Suite aux dires de Cosette, Ondine s'énerva et dit : "J'ai été assommé ce jour-là donc je ne peux pas le montrer et même si c'était le cas, je ne le ferais pas! Tu n'as pas à forcer les gens à faire des choses qu'ils ne veulent pas faire. Tu n'es qu'une gamine capricieuse qui pense que le monde doit être aussi malheureux qu'elle l'a été! Tu crois que le bonheur, l'amour, la compassion et l'amitié n'existe pas? Tu as tord!"

Ondine arrête d'émettre sa vive lumière et dit : "Tu me fais pitié".

Quand enfin la lumière se tut, Cosette respira difficilement, en fermant les yeux. Elle resta allongée sur le dos, la main sur son ventre qui allait et venait, respirant à pleins poumons l'air chaud du désert qui était enfin revenu. Elles étaient toujours dans le désert, là même où elles avaient rencontrés Kit, où elles s'étaient rencontrés. Au final, elle n'avait pas bougé durant tout ce temps. En parlant de Kit, celui-ci était toujours à creuser dans le trou où Ondine était tombée. Il releva la tête de son trou et siffla:

-Oh, dame cheveux rouges. Kit peur. Kit vous voir et puis, Kit plus vous voir. Kit demander où vous être, mais Kit devoir creuser, alors creuser. Kit voir après. Kit content que dame cheveux rouges toujours là.

Cosette n'osait même pas se redresser ou rouvrir les yeux mais elle souffla quand même:

-Bien sûr que je crois à l'amour. C'est lui qui m'a tué. Alors si je ne croyais pas en sa force, ce serait aveugle. Bien sûr je crois au bonheur. Et moi, je croyais qu'il était avec toi, en toi, vivre avec toi. Je... N'ai jamais connu qu'un amour violent, passionnel, idolatre... Comment vivre autrement ses sentiments qu'on a connu que cette façon de les concevoir ? Je suis ce qu'on a fait de moi.

Elle rouvrit les yeux. Elle ne voyait toujours qu'un voile blanc devant elle. Elle fit les yeux ronds et se redressa. Toujours un voile blanc. Elle mit ses mains devant elle pour les regarder. Toujours un voile blanc. Elle commença à paniquer, à faire une crise d'angoisse, respirant à grand peine.

-Tu... Tu m'as rendu aveugle ! Je ne vois plus rien ! Tu... Espèce de... Quelle sorte d'ange es-tu ? Mon ange aux ailes noires de démon... Je te maudis... Mes yeux ! Et ses yeux étaient vitreux, sans iris ni pupille. -Hi, hi, hi, je suis aveuglée par mon amour, par le rayon de lumière magnifique que tu es ! Une beauté dangereuse... Rit-elle nerveusement et tristement. Elle essaya de marcher, mais ne rien voir, ça change tout son sens de l'équilibre. Son ombre elle-même vint à sa rencontre, la prit par le bras pour la guider.

-Fille cheveux rouges être lumière ? Qui-brille ? Oh oui, qui-brillent, qui-brillent ! Qui-brillent brillant et beaux, beaux !

Ondine et Cosette se retrouvent au final dans le désert. Le point de départ et cela confirme le fait que tout était une illusion, à l'exception de Kit qui était réel. Cela paraissait étrange à la jeune fille qu'on puisse imaginer une telle mascarade juste pour connaître une personne soit disant. Quand Kit s'adressa à elle, elle affiche sur son visage un beau sourire et dit : "Moi aussi je suis contente de te voir Kit et appelles-moi Ondine s'il te plaît".

Ondine remet son attention sur Cosette qui lui parla.

"Ce qui t'a tué et ce que tu as vécu n'est pas de l'amour mais de la folie".

Ondine fut surprise en voyant l'état des pupilles de la fillette qui dit qu'elle était aveugle et que c'était Ondine qui l'avait mit comme ça. Franchement, Ondine la trouvait gonfler de faire pareil accusation. La lumière est puissante mais de là à rendre aveugle, il ne faut pas exagérer. La rouquine regarda le rat humanoïde et lui dit : "Non, pas tout à fait, c'est compliqué. Dis, pourrais-tu m'emmener à la ville? Je suis assez perdue".